Londres (awp/afp) - London Stock Exchange (LSE) est en passe de racheter le fournisseur de données financières Refinitiv pour 27 milliards de dollars, ce qui lui permettrait de changer de dimension et devenir un rival du géant Bloomberg.

Il s'agit d'une opération énorme pour le groupe boursier britannique qui devra mettre sur la table 14,5 milliards de dollars en capital et reprendre une dette d'environ 12,5 milliards, explique-t-il jeudi dans un communiqué.

Il dit s'être mis d'accord sur cette transaction avec les actionnaires de Refinitiv, à savoir des fonds gérés par Blackstone et le groupe de médias et services américano-canadien Thomson Reuters.

Les actuels actionnaires de Refinitiv possèderont 37% des titres boursiers du nouveau groupe fusionné et un peu moins de 30% des droits de votes.

Le LSE, qui va émettre de nouvelles actions, s'apprête à racheter un groupe bien plus gros que lui, ce qui va lui permettre de devenir avant tout un spécialiste de l'information financière, venant chasser sur les terres du puissant Bloomberg, en position dominante dans les salles de marché du monde entier.

Ce rachat doit néanmoins encore obtenir une série de feux verts réglementaires et l'aval des actionnaires du LSE qui se prononceront avant la fin 2019. Le groupe s'attend en outre à devoir céder des actifs pour satisfaire les autorités de régulation.

Si tout se passe bien, l'opération devrait être bouclée au second semestre 2020. Il est toutefois prévu qu'elle tombe à l'eau si elle n'est pas conclue d'ici au 31 mai 2021.

Basé à New York, Refinitiv, connu des professionnels pour son terminal Eikon, est l'un des principaux fournisseurs mondiaux de données pour les professionnels des marchés, avec plus de 40.000 sociétés clientes dans 190 pays.

La Bourse comblée

Le groupe britannique LSE sera toujours par ailleurs l'opérateur des Bourses de Londres et de Milan, ainsi qu'un acteur incontournable de la compensation avec LCH et des indices de marché avec Russell.

Le LSE et Refinitiv auront un chiffre d'affaires combiné d'environ 6 milliards de dollars et il est prévu que le groupe garde son siège au Royaume-Uni avec pour directeur général David Schwimmer, l'actuel patron de l'opérateur boursier.

L'opération devrait permettre des synergies et une réduction de coûts pour le nouveau groupe de 350 millions de livres (390 millions d'euros) dans les cinq premières années.

Le marché applaudissait la nouvelle, faisant bondir le titre de 6,79% à 7.076,00 pence à la Bourse de Londres vers 09H50 GMT. La valeur, à ses plus hauts historiques, s'était déjà envolée lundi après l'annonce de discussions sur cette fusion.

"Refinitiv apporte énormément de complémentarités en termes de données financières et sur les marchés de capitaux, ainsi qu'une relation très étroite avec les clients à travers le monde", souligne M. Schwimmer dans le communiqué.

Le dirigeant, ancien de la banque Goldman Sachs et arrivé au manettes en 2018 en succédant au Français Xavier Rolet, est en passe de faire oublier le retentissant échec de la tentative de fusion entre le LSE et le groupe boursier allemand Deutsche Börse, bloquée par les régulateurs européens en 2017.

Il se trouve d'ailleurs que Deutsche Börse conduisait ces derniers temps des discussions distinctes avec Refinitiv pour lui acheter certaines de ses activités sur le marché des changes. Le groupe allemand doute désormais de pouvoir faire aboutir ces négociations.

"Il s'agit d'un changement radical de stratégie pour le LSE qui a cherché ces dernières années un opérateur boursier comme partenaire", que ce soit la Bourse de Toronto, de Singapour ou Francfort, mais sans succès, soulignait lundi Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

afp/rp