(Ajoute déclarations de Zuma et détails)

RUSTENBURG, Afrique du Sud, 22 août (Reuters) - Deux producteurs de platine en Afrique du Sud ont dit mercredi être confrontés à leur tour à des mouvements de contestation salariale, cinq jours après la mort de 34 ouvriers en grève de la mine de platine de Marikana, tués par les forces de l'ordre.

Anglo American Platinum, premier producteur mondial de platine, a annoncé que ses mineurs demandaient des hausses de salaires, et un syndicat rapporte que des salariés du site de Rasimone, exploité par Royal Bafokeng Platinum, ont empêché leurs collègues de se rendre à leur travail.

"Il y a un très grand risque que ça devienne contagieux", estime Justin Froneman, analyste chez SBG Securities platinum. "Que cela ait été orchestré reste à déterminer, mais il est certain que le fait que cela s'étende à ce que nous considérions comme une main-d'oeuvre stable est un peu inquiétant", dit-il.

De nombreux mineurs ne sont toujours pas revenus à la mine de Marikana, exploitée par Lonmin , par crainte du conflit entre le Syndicat national des mineurs (NUM) et son concurrent, l'Association du syndicat des mineurs et des ouvriers du bâtiment (AMCU).

La fusillade de jeudi dernier dans la mine de Marikana, située à 100 km de Johannesburg, est l'opération policière la plus meurtrière menée depuis la fin de l'apartheid en Afrique du Sud et c'est l'air sombre que le président Jacob Zuma s'est adressé mercredi à environ 2.000 mineurs silencieux à Marikana.

S'exprimant en langues xhosa et zoulou, il a déploré que des travailleurs meurent dans un conflit social. "J'ai pris la décision de mettre en place une commission afin d'enquêter sur cela afin que nous puissions connaître la vérité", a-t-il dit.

Le président de l'AMCU, Joseph Mathunjwa, a précisé lors d'une conférence de presse à Rustenburg que les informations faisant état de mouvements de contestation sur le site de Rasimone et de demandes de hausses de salaires auprès d'Anglo American Platinum n'avaient rien à voir avec son syndicat.

La grève qui a débuté la semaine dernière à la mine de Marikana a fait grimper les prix du platine et alimenté les craintes concernant les investissements dans la plus grosse économie d'Afrique, où un chômage chronique et des disparités de revenus menacent la stabilité sociale.

Les prix du platine, dont environ 80% des gisements mondiaux se trouvent en Afrique du Sud, ont bondi à leur plus haut niveau depuis début mai. Ce métal est utilisé notamment en bijouterie et pour les pots catalytiques des voitures. (Ed Stoddard, avec Peroshni Govender à Marikana, Julien Dury et Juliette Rabat pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

Valeurs citées dans l'article : Royal Bafokeng, Lonmin Plc, Anglo American Plat