Pékin (awp/afp) - Un régulateur chinois a annoncé jeudi avoir approuvé la fusion entre le français Essilor, géant mondial des verres correcteurs, et l'italien Luxottica, leader des lunettes haut de gamme, un feu vert accordé sous conditions qui ouvre la voie à la finalisation de l'opération.

Luxottica --spécialiste de marques exploitées sous licence (Chanel, Prada, Ralph Lauren...) ou détenues en propre (Ray-Ban, Persol, Oakley)-- et Essilor avaient annoncé il y a plus d'un an et demi leur intention de fusionner en vue de créer un mastodonte intégré de l'optique, combinant verres et montures.

Mais la finalisation du projet a été maintes fois retardée, en raison des délais d'approbation par diverses autorités de la concurrence à travers le globe.

La Chine faisait partie des cinq juridictions dont l'approbation était une condition suspensive à la réalisation de la fusion: les deux groupes avaient déjà obtenu le feu vert des autorités de la concurrence de l'Union européenne (UE), des Etats-Unis, du Canada et Brésil, mais attendaient toujours l'aval de Pékin, indispensable à la réalisation de la fusion.

Or, l'Autorité chinoise de supervision des marchés (SAMR), un régulateur dépendant de l'administration de l'industrie et du commerce, a indiqué jeudi dans un communiqué avoir accordé son feu vert à l'opération.

L'institution a cependant tenu à assortir sa décision de "conditions restrictives" afin de "réduire l'impact négatif de la concentration d'acteurs du secteur sur le paysage concurrentiel".

Ainsi, les deux groupes ne pourront pas imposer aux opticiens chinois des clauses d'exclusivité et devront s'engager à ne pas vendre leurs produits en-dessous de leur coût de production, selon le communiqué.

Désormais, "la finalisation de la fusion est techniquement possible", s'est réjoui le PDG d'Essilor, Hubert Sagnières, qui s'exprimait jeudi lors d'une audioconférence après la publication des résultats semestriels du groupe.

Tout en reconnaissant les conditions imposées au groupe fusionné: "Notre engagement tient en trois points: informer les autorités de nos futures acquisitions en Chine, s'assurer que tous nos produits seront accessibles à tous les consommateurs chinois et s'assurer que (...) nous ne discriminerons aucun consommateur", a-t-il souligné.

La fusion pourrait désormais intervenir d'ici deux mois, a estimé M. Sagnières: "Le scénario le plus probable, c'est que nous soufflerons quelques semaines (...) et nous finaliserons très probablement l'opération fin septembre", après une décision attendue des autorités turques.

La Turquie doit certes encore approuver l'opération, mais son accord n'est pas une condition sine qua non à la finalisation, contrairement à celui de la Chine.

Le nouvel ensemble, baptisé EssilorLuxottica, devrait représenter un chiffre d'affaires annuel de plus de 16 milliards d'euros, pour une valorisation boursière de quelque 50 milliards d'euros.

Son siège doit être implanté en banlieue parisienne et le groupe sera coté à la Bourse de Paris.

afp/al