Malgré des chiffres trimestriels unanimement jugés solides, LVMH n'a pas apaisé les craintes d'un prochain recul de cette demande, lié à la baisse de la Bourse de Shanghai, à la dépréciation du yuan et aux conséquences de la guerre commerciale sino-américaine sur la croissance du pays.

Après avoir largement surperformé le marché depuis le début de l'année, les valeurs du luxe se sont effondrées en Bourse mercredi, LVMH plongeant de 7,14%, Kering de 9,6%, Hermès de 5,07%, Burberry de 8,08% et Richemont de 3,98%.

Après deux années de demande chinoise explosive, le propriétaire de Louis Vuitton, Dior, Hennessy ou Sephora, s'est montré peu disert sur une possible "normalisation" de cette demande.

Très attendu par les investisseurs, son directeur financier n'a pas répondu aux questions des analystes sur l'évolution des affaires durant le mois de septembre, le plus important du troisième trimestre, ou pendant le début du mois d'octobre, durant lequel s'est déroulée la "Golden Week" chinoise.

Interrogé lors d'une conférence téléphonique sur les mesures qui seraient prises pour faire face à une éventuelle "normalisation" du marché, Jean-Jacques Guiony s'est montré évasif.

"Mon seul message, c'est (...) qu'il n'y a rien de spécifique à LVMH ou au luxe. Le monde est compliqué, les devises évoluent en tous sens et les gouvernements rendent nos vies parfois plus compliquées", a-t-il dit, faisant allusion à la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis.

Il a toutefois noté que la croissance de Louis Vuitton, principal contributeur à la rentabilité de LVMH, avait légèrement ralenti auprès de la clientèle chinoise, passant d'une hausse proche de 20% au deuxième trimestre à une progression d'environ 15% au troisième.

Les analystes ont également relevé que LVMH, qui dans ses récents communiqués évoquait un "environnement porteur" pour le luxe, s'est cette fois-ci abstenu de tout commentaire.

"Le point clé aujourd'hui ne tourne plus autour des chiffres du troisième trimestre, mais du rythme de croissance à venir, de la confiance dans le crucial quatrième trimestre et dans les perspectives pour 2019", soulignent les analystes de Deutsche Bank.

Les analystes de Citi estiment quant à eux que "les inquiétudes sur l'évolution de la consommation chinoise risquent de ne pas disparaître de sitôt".

La clientèle chinoise compte pour 32% des ventes mondiales du luxe, une proportion qui devrait atteindre 40% d'ici 2024, selon le Boston Consulting Group pour qui ces consommateurs contribueront alors à 70% à la croissance du luxe.

(Pascale Denis, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Pascale Denis et Sarah White