Longarone (awp/afp) - Le géant du luxe LVMH, déjà fort de 22 sites de production en Italie, a inauguré mardi au nord de Venise sa première manufacture de lunettes, un site ultra-moderne où il entend faire monter en puissance la production pour plusieurs de ses maisons.

En plein berceau de l'optique au nord de Venise, le groupe de Bernard Arnault a dévoilé son site de production lancé en partenariat avec le fabricant italien Marcolin, baptisé Thélios - contraction de Théia, déesse de la vue, et d'Hélios, dieu du soleil.

Dans un immense bâtiment de 8.000 m2 avec vue sur les Dolomites, les machines automatisées de découpe laser côtoient des tables de travail en bois clair où s'empilent pinces et tournevis.

Une jeune femme polit la branche d'une lunette, son voisin lime la charnière qui la reliera à la monture: en acétate ou en métal, les modèles qu'ils assemblent sont issus des collections de la maison Céline, et seront vendus en boutique à partir de 250 euros.

Parmi les 70 marques que compte LVMH, Céline est la première dont la production des montures a été reprise en main en interne par le groupe, après avoir été confiée sous licence au fabricant Safilo.

Suivront Loewe et Fred, autres maisons du numéro un mondial du luxe, qui veut reprendre le contrôle sur sa filière lunettes pour en maîtriser plus directement la création, la production et surtout la distribution.

"Du design à la commercialisation, en passant par la fabrication, nous gérons le processus en entier, ici tout est sous notre contrôle", résume Giovanni Zoppas, président-directeur général de Thélios.

Car l'"ambition" du groupe est certes de "construire un système d'excellence" dans les lunettes, mais aussi "de faire en sorte que la distribution" des paires "ait le même niveau de qualité que le produit", confirme Toni Belloni, directeur général délégué de LVMH.

- SÉLECTION DES POINTS DE VENTE -

Dans un esprit de "logique sélective", les points de vente pour les montures des maisons seront à présent "choisis", et les paires ne seront plus automatiquement distribuées dans tous les magasins des réseaux d'optique par exemple.

Reste à savoir quel sera le nombre total des marques de LVMH qui rejoindront Thélios: actuellement, le site a une capacité maximale de 1,5 million de paires produites par an.

Si la manufacture récupère en 2020 la licence Dior, actuellement confiée à Safilo, elle devrait s'agrandir. Car cette maison est chez LVMH la plus grosse en volume et en valeur pour ce qui est de la production de lunettes.

Autre inconnue également, la venue ou pas, à terme, de Louis Vuitton, mastodonte de LVMH qui fait figure d'exception: ses lunettes n'ont jamais été fabriquées sous licence et sont actuellement produites par des sous-traitants, majoritairement italiens.

"On croit dans la lunette, on va être dans cette industrie pour longtemps. Et on ira à la vitesse qui sera la nôtre, le produit est trop important pour mal faire le travail", résume Jean-Baptiste Voisin, directeur de la stratégie de LVMH.

Thélios est le 23e site de production de LVMH en Italie, aux côtés de la manufacture du joaillier Bulgari, des ateliers de chaussures Louis Vuitton ou Berluti, ou encore des filatures de cachemire Loro Piana.

"Nous avons investi un total de 600 millions d'euros en Italie, et le nombre de nos collaborateurs a doublé en cinq ans pour s'établir à 9.500", rappelle M. Belloni.

Thélios emploie aujourd'hui quelque 250 personnes, dont une centaine d'artisans - dont le nombre devrait avoir doublé d'ici fin 2018. La moyenne d'âge est très basse, de 25 ans, pour les employés travaillant à la production.

Lors de l'annonce de leur co-entreprise début 2017, Marcolin avait fait état d'un investissement initial de quelque 50 millions d'euros "sur quatre à cinq ans", répartis également entre les deux acteurs.

Marcolin, détenu par le fonds d'investissement français PAI Partners, produit déjà de son côté des lunettes sous licence pour des marques comme Tom Ford, Moncler, Roberto Cavalli, Balenciaga, Dior.

afp/lk