LVMH Moët Hennessy Vuitton : Les "gilets jaunes" ne menacent pas encore le secteur du luxe
Le 03 décembre 2018 à 17:07
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Pour l'instant, il n'y a pas péril en la demeure. Si quelques vitrines de boutiques de luxe des beaux quartiers de Paris ont été vandalisées ce weekend devant des touristes horrifiés et les correspondants des chaines de TV du monde entier, LVMH, Kering, et Hermès ne sont pas encore en danger ! Dans une étude publiée ce matin, Berenberg juge en effet qu'il est encore trop tôt pour que le secteur pâtisse réellement de la crise sociale en France. Un point de vue manifestement partagé : Kering bondit de 7,8%, LVMH grimpe de 5% et Hermes de 3%.
Pour autant prévient le broker, le mois de décembre est traditionnellement le plus important de l'année pour ces sociétés, dont les ventes doublent par rapport à un mois classique.
Dans ce cadre, il estime que ce " péril jaune ", venu s'ajouter à des éléments structurels (notamment le ralentissement de la conjoncture chinoise) pourrait conduire à sous-performance des valeurs à court terme. Les groupes, les plus exposés à la France, comme SMCP (41% des ventes) et Hermès (14% des ventes).
Concrètement, explique le courtier, compte tenu de la forte exposition de l'industrie du luxe au tourisme (50% des ventes en Europe) et à la France (5% des ventes), l'escalade de protestations et son impact négatif sur l'activité doivent être surveillés avec attention.
Selon lui, la crise des " gilets jaunes " pourrait pénaliser l'activité touristique en France en dissuadant notamment les Chinois de se rendre à Paris.
Cependant, relativise le bureau d'études, ces touristes se tourneront vers une autre destination où ils dépenseront dans les boutiques de luxe dans les mêmes proportions.
Ainsi, une bonne partie des ventes perdues en France serait récupérée ailleurs. En revanche, reconnaît-il, l'impact du mouvement social sur les consommateurs locaux apparaît plus complexe à estimer.
Bien qu'à ce stade, il est donc trop tôt pour se prononcer sur les effets négatifs de la crise sur le secteur, Berenberg pense que les investisseurs vont suivre de près l'évolution de la situation dans les prochaines semaines.
Dans l'attente, l'intermédiaire a dressé la liste des valeurs les plus exposées par ordre décroissant : SMCP (41% des ventes), Hermès (14%), LVMH (10%), Richemont (8%), Hugo Boss/Kering/Moncler/Pandora (6% chacun), Burberry/Ferragamo/Prada/Swatch/Tod's (6% chacun) et Bruno Cucinelli (3%).
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE est le leader mondial des produits de luxe. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- articles de mode et de maroquinerie (48,9%) : marques Louis Vuitton, Kenzo, Celine, Fendi, Marc Jacobs, Givenchy, etc. ;
- montres et bijoux (12,7%) : marques Bulgari, TAG Heuer, Zenith, Hublot, Chaumet, Fred, Tiffany, etc. ;
- parfums et produits cosmétiques (9,6%) : parfums (marques Christian Dior, Guerlain, Loewe, Kenzo, etc.), produits de maquillage (Make Up For Ever, Guerlain, Acqua di Parma, etc.), etc. ;
- vins et spiritueux (7,7%) : champagnes (marques Moët & Chandon, Mercier, Veuve Clicquot Ponsardin, Dom Pérignon, etc. ; n° 1 mondial), vins (Cape Mentelle, Château D'Yquem, etc.), cognacs (notamment Hennessy ; n° 1 mondial), whisky (notamment Glenmorangie), etc.
Le solde du CA (21%) concerne essentiellement une activité de distribution sélective assurée au travers des chaînes Sephora, DFS et des grands magasins Le Bon Marché et La Samaritaine.
A fin 2023, la commercialisation des produits est assurée au travers d'un réseau de 6 097 magasins dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (7,9%), Europe (16,4%), Japon (7,3%), Asie (30,8%), Etats-Unis (25,3%) et autres (12,3%).