PARIS (awp/afp) - Une patate chaude pour les émetteurs de cartes bancaires et les assureurs: comment fonctionne l'assurance en cas d'annulation de voyage ou de rapatriement lié au coronavirus ? Difficile d'avoir une réponse claire.

Contrôles ou fermetures de frontières, fermetures d'aéroports, suspensions de vols, recommandations de limitation des déplacements: les annonces préfigurant un verrouillage planétaire causent des migraines aux sociétés d'assistance.

"Aujourd'hui, le sujet le plus délicat, c'est nos compatriotes qui sont à l'étranger et comment on peut les rapatrier: sous quels délais et dans quelles conditions", a déclaré vendredi Thierry Martel, directeur général de Groupama, dont la filiale Mutuaide Assistance opère dans l'assistance aux voyageurs.

"Le sujet s'est posé cette semaine avec des vacanciers sur des bateaux sur le Nil pour lesquels il a fallu organiser le rapatriement", a-t-il expliqué, ajoutant que se posait aussi la question pour "tous les enfants en stage ou en formation à l'étranger".

Un voyageur peut-il être rapatrié s'il est infecté ou si l'un de ses enfants resté dans l'Hexagone l'est ? Ou s'il se trouve dans un pays ayant fermé ses frontières ? Autant de questions sans réponse franche.

"La situation exceptionnelle et en constante évolution nous interdit de répondre de façon précise", reconnaît le Syndicat national des sociétés d'assistance (SNSA), représentatif de la quasi-totalité de la profession.

"Chaque cas est différent et pour chacun d'entre eux l'assisteur s'applique à apporter le meilleur accompagnement dans le cadre des dispositions contractuelles [et] en tenant compte des circonstances particulières" comme l'état du patient, les consignes gouvernementales ou celles du pays du voyage, détaille-t-il dans une déclaration transmise à l'AFP.

Ses neuf sociétés adhérentes doivent également gérer les conséquences des mesures du gouvernement sur leur propre organisation, ajoute-t-il.

En coulisses, ceux qu'on appelle "les assisteurs" coordonnent actuellement leur mode opératoire et échangent leurs informations avec le ministère des Affaires étrangères.

"Toutes les grandes sociétés d'assistance sont réunies régulièrement au Quai d'Orsay pour voir au cas par cas et pays par pays comment on rapatrie nos compatriotes", explique le patron de Groupama.

En 2018, ces professionnels avaient testé pour la première fois après le séisme de Lombok (Indonésie) une cellule de crise conçue avec le ministère des Affaires étrangères pour gérer "des événements de grande ampleur se déroulant à l'étranger" et impliquant des ressortissants français.

Pour l'heure, cette cellule n'a pas été actionnée, ni le "plan épidémie" activé notamment en 2006 lors de la grippe H1N1. "Aujourd'hui, les rapatriements de masse sont pris en charge par l'Etat français", explique le SNSA.

Le casse-tête de l'astérisque

Quant à savoir si les assurances annulation voyages et rapatriement incluses dans les cartes bancaires haut de gamme Visa et Mastercard fonctionnent en temps de coronavirus, c'est une gageure.

Les géants américains des services financiers, dont une partie de la notoriété repose sur ces garanties d'assurance, renvoient sur les dispositions contractuelles prévues ... par les banques émettrices de cartes.

"Les banques sont bien les maîtres de la situation, elles souscrivent les assurances", assure une porte-parole de Mastercard à l'AFP. Côte banques, une porte-parole d'un grand établissement suppose le contraire, un autre refuse de répondre aux sollicitations de l'AFP quand l'autre renvoie sur Visa.

Crédit Agricole a réagi en expliquant élargir aux porteurs de cartes haut de gamme présentant "une vulnérabilité" au coronavirus la garantie risque épidémique déjà incluse dans les cartes "super-premium" pour les voyages achetés avant le 1er mars.

Reste que la couverture réelle des cartes bancaires sera difficile à décrypter pour les clients, leurs conditions s'égrenant sur des dizaines de pages et d'astérisques au phrasé inintelligible.

Quelques certitudes toutefois: un client malade soudainement ou victime d'un accident grave prouvant par une attestation médicale son incapacité à voyager pourra déclencher son assurance annulation. Tandis qu'en cas de fermeture de frontière, aucune chance d'être remboursé par sa carte.

"Si un porteur de carte souhaite annuler ou modifier son itinéraire, il doit contacter les professionnels du voyage auprès desquels il a effectué sa réservation pour se renseigner sur les conditions de modification ou d'annulation", a répondu par écrit à l'AFP le géant américain Visa.

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