Zurich (awp) - Plusieurs millions de francs suisses d'investissements sont prévus afin de donner un second souffle à Baselworld. Son directeur général a présenté mardi le nouveau concept qui débutera en 2020 et qui aboutira en 2022. Il doit freiner la désaffection des exposants et des visiteurs. Trois années de transformation sont à venir, passant par une réduction des coûts et une plateforme numérique, alors que l'édition 2019 n'a pas été rentable.

Redynamiser la foire horlogère et joaillère coûtera "plusieurs millions d'investissements", a indiqué à AWP le directeur général Michel Loris-Melikoff, en marge de la conférence de presse de clôture de Baselworld.

Malgré des nouveautés comme un podium de défilés de bijoux ou une charte de transparence des prix signée avec les hôteliers, cette édition qui s'achève s'est avérée difficile. "Les chiffres ne vont pas vous surprendre. Cette année, nous avons eu moins de visiteurs (81'200, soit 22% de moins), moins d'exposants (520, soit une chute de 20%), et moins de médias (3'300 membres, soit une baisse de 12%). Mais ces 12% nous les avons récupéré en présence digitale".

"Pour 2019 on a investi beaucoup d'argent, ce n'était pas un Baselworld rentable", a assuré le patron de la foire devant les médias et des exposants.

Il a toutefois trouvé des raisons de se réjouir. "J'ai appris qu'une grande marque reste mais qu'en plus, elle agrandit son espace. Certaines marques qui ont quitté Baselworld en 2019 ont confirmé leur présence pour 2020", a-t-il indiqué, sans donner de noms. L'an dernier, le groupe Swatch avait claqué la porte de la foire.

Parmi les nouveautés annoncées pour 2020 et les années suivantes qui toucheront Baselworld, le groupe MCH annonce une réduction du prix du mètre carré de 10 à 30% selon le secteur, sachant que ce coût représente 15% en moyenne des dépenses d'un exposant. Le 55% est consacré au stand et 30% à l'hôtellerie ou au personnel.

Baselworld toute l'année

Il prévoit aussi que "Baselworld devienne une plateforme d'échanges pendant 365 jours, de manière digitale entre tous les acteurs de cette communauté. Et pendant une semaine, elle se retrouvera à Bâle". Les bénéficiaires seront les marques, mais aussi les distributeurs, les revendeurs, les clients, les collectionneurs, selon M. Loris-Melikoff.

Pour mener à bien la transformation, "nous augmenterons les revenus grâce à des services supplémentaires". Le directeur général n'a pas fourni de chiffres. "Il y a trois ans de transformation. On a déjà commencé à travailler sur certains points et il y a aura des annonces dans les prochains mois. Mais cela coûte beaucoup d'argent."

En pratique, la halle deux sera rouverte et accueillera l'espace des pierres précieuses, mais aussi des espaces numériques avec des "expériences en réalité augmentée". Davantage d'événements seront programmés afin de satisfaire les besoins du secteur, par exemple les collectionneurs, mais aussi "d'atteindre une nouvelle clientèle".

Des conférences "avec des influenceurs" seront prévues, ainsi que des échanges avec les directeurs généraux de marques. Baselworld pourrait "soutenir des petites et moyennes marques" en matière de marketing numérique. Des réservations d'hôtels seront possibles directement sur l'application Baselworld.

"2020 est une première étape et nous allons continuer à transformer Baselworld. Cette transformation, nous ne pouvons pas la faire tout seuls", a assuré le directeur général de la foire, appelant à lui le soutien des exposants qu'il dit avoir "écouté".

Contrainte des dates

Un film où des exposants prenaient la parole pour soutenir Baselworld a été diffusé en amont de la conférence de presse. On y a vu les patrons de Patek Philippe ou de Chopard, mais aussi celui de Zenith, du groupe LVMH. Son homologue de chez Bulgari, lui aussi du groupe LVMH, avait indiqué à AWP s'interroger sur sa participation à la prochaine édition.

Jean-Christophe Babin avait aussi dénoncé l'harmonisation des dates entre le Salon international de la Haute horlogerie de Genève et Baselworld, qui se suivront, entre le 26 avril et le 5 mai 2020. Des dates trop tardives, selon certains acteurs de la profession.

Là aussi, Michel Loris-Melikoff assure avoir écouté les doléances. "La coordination des dates était une demande de l'industrie, mais il y a des contraintes. Janvier n'est pas optimal pour la joaillerie. En février, il y a le Nouvel an chinois et en mars, le salon de l'auto à Genève. Donc la première date possible était en avril."

A une question d'un intervenant concernant le risque d'une désaffection de la clientèle musulmane pour cause de ramadan, le patron de la foire a ajouté savoir "que le ramadan tombe pendant les salons. On va en tenir compte à Baselworld".

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