Bâle (awp) - Les exposants sont partagés à propos des aménagements proposés par l'édition 2019 de la foire horlogère et joaillière Baselworld. Si certains soutiennent que ces évolutions vont dans le bon sens pour donner un second souffle à l'événement, d'autres se montrent plus critiques. D'aucuns estiment que l'avenir de la foire est remis en question.

Changement le plus visible pour les visiteurs, la halle principale de la foire de Bâle, qui se tient jusqu'au 26 mars, a été réaménagée pour combler le vide laissé par le départ des marques du groupe Swatch. Le centre de presse et des espaces restauration y ont été installés. Une charte de transparence des prix avec les hôteliers a aussi été mise en avant par l'organisateur, le groupe MCH, pour faire face aux critiques des coûts élevés liés à l'événement.

Concernant la nouvelle disposition de la halle, Jean-Christophe Babin, le directeur général de Bulgari, a jugé auprès d'AWP que le salon est monté en gamme et mise davantage sur la qualité de l'expérience des visiteurs. "Le fait qu'il y ait moins de marques crée paradoxalement une impression plus spacieuse et plus luxueuse. Cela a l'air d'être plus un avantage qu'un inconvénient. Bien sûr, il faudra voir à la fin de la foire ce que l'on aura pu avoir comme rendez-vous avec les médias et les leaders d'opinion."

Karl-Friedrich Scheufele, co-président de Chopard, avait indiqué lors de la conférence de presse d'ouverture que "Baselworld a fait son devoir en un laps de temps assez court, notamment pour combler le grand espace qui commence après le stand Chopard". Thierry Stern, le patron de Patek Philippe, assurait lui que le "sentiment au niveau de l'horlogerie est positif. Je suis assez rassuré, les détaillants viennent."

Impact sur le nombre de visiteurs

Pour Patrik Schwendimann, analyste à la Banque cantonale de Zurich (ZKB), "l'absence de Swatch Group est une grande perte pour Baselworld, car c'était la plus grosse entreprise présente. Mais la foire est toujours importante. Elle a encore de l'intérêt car elle attire du monde". De même, Jules Boudrand, responsable du secteur horloger chez Deloitte à Genève, estime que "le départ du groupe Swatch est un coup dur pour Baselworld, il risque d'y avoir un impact important sur la fréquentation."

L'analyste salue le regroupement des dates du Salon International de la Haute Horlogerie de Genève (SIHH) et de la foire bâloise à partir de l'an prochain. "Cela pourrait améliorer les choses. C'est un bon signe pour le secteur". Il soutient toutefois que ce genre d'événement s'essouffle. "La tendance est un peu la même que pour les salons automobiles: les marques n'ont plus envie de dépenser autant d'argent dans un seul événement. Elles veulent concentrer plus d'efforts sur le client final, avec par exemple des événements personnalisés. De plus, le renouvellement de leur gamme est plus fréquent au fil de l'année."

Trop tard dans l'année

Ricardo Guadalupe, directeur général de Hublot, plaide pour une seule foire, au lieu de deux en Suisse. Son homologue de chez Bulgari s'interroge sur sa participation à Baselworld 2020 et voit plutôt d'un mauvais oeil le rapprochement des deux salons. "La plupart des échos que j'ai eu, c'est que pour des journalistes et des clients, être loin de la maison pendant 15 jours, ce n'est vraiment pas cool, a assuré Jean-Christophe Babin. Pour les gens qui viennent de loin, c'est plus facile de faire le déplacement une fois en janvier et une fois en mars."

De plus, il ne comprend pas le décalage dans l'année, les salons se tenant entre le 26 avril et le 5 mai 2020. "La date est très mal choisie. On est dans ce manque absolu d'écoute des acteurs de ces foires, en particulier des détaillants qui ont besoin de planifier leur année le plus tôt possible et pas pratiquement à la fête des pères."

Le groupe organisateur MCH, qui a creusé ses pertes en 2018, devrait donner plus de détails mardi sur l'édition 2020 de Baselworld.

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