Milan (awp/afp) - La juge devant se prononcer sur le différend entre Vivendi et Mediaset concernant le projet de holding européenne du groupe italien a mis vendredi sa décision en délibéré, alors que les deux entreprises ne sont pas encore parvenues à trouver un accord pour régler leur conflit.

En début de semaine, le patron de Mediaset et fils de l'ancien chef du gouvernement italien, Pier Silvio Berlusconi, s'était pourtant dit "très optimiste" sur la possibilité de trouver un accord avec le géant français des médias, estimant que "l'écart s'était réduit au minimum".

Les deux groupes s'affrontent depuis fin 2016 devant la justice italienne, Mediaset et la holding de la famille Berlusconi, Fininvest, réclamant 3 milliards d'euros de dommages et intérêts au groupe Vivendi de Vincent Bolloré pour être revenu sur un accord prévoyant qu'il rachète le bouquet Mediaset Premium.

Les tensions se sont de nouveau attisées ces derniers mois en raison d'un projet de holding européenne porté par le groupe italien.

Mediaset entend fusionner ses activités italiennes et espagnoles, ainsi que sa participation de 15,1% dans son homologue allemand ProSiebenSat.1, dans une holding de droit néerlandais baptisé MFE (Media For Europe).

Cette holding vise à terme à fédérer les grands acteurs européens de la télévision afin de mieux lutter contre les plateformes numériques comme Netflix.

Mais Vivendi, deuxième actionnaire de Mediaset, a contesté en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas les statuts de MFE, les jugeant trop favorables à la famille Berlusconi.

Vendredi, la juge, qui avait accordé le 22 novembre une semaine aux deux groupes pour trouver un accord, a mis en délibéré, à une date non précisée, sa décision sur la demande de Vivendi de suspendre les délibérations. Celles-ci ont été prises lors de l'assemblée générale du 4 septembre ayant acté la création de MFE.

Des sources proches du dossier ont expliqué à l'AFP que selon le projet d'accord, Vivendi - monté à 28,8% de Mediaset fin 2016 lors d'un raid qualifié d'"hostile" par la famille Berlusconi - accepterait de vendre près de 20% de sa participation. En contrepartie, Mediaset doit renoncer à toutes les procédures judiciaires en cours.

Mais les discussions bloquent sur le prix de cession et des clauses de garantie pour l'avenir, alors que Vivendi resterait actionnaire avec un peu moins de 10% du capital.

Alors que Mediaset avait proposé initialement 2,77 euros, Vivendi a accepté de revoir ces derniers jours ses exigences à la baisse. Il a proposé 3,10 euros par action, alors qu'il demandait initialement 3,70 euros puis 3,25 euros, selon une source proche du groupe français. D'après les médias italiens, Mediaset ne voudrait pas accepter un chiffre supérieur à 3 euros.

Un tel accord représenterait une nette moins-value pour Vivendi, qui avait acheté cette participation à 3,7 euros par action, mais cela lui permettrait de se débarrasser d'un épineux dossier.

afp/rp