Le groupe de médias contrôlé par la famille de Silvio Berlusconi a fait adopter l'an dernier son projet, qui consiste à regrouper ses activités en Espagne et en Italie sous une structure commune de droit néerlandais, baptisée MediaForEurope (MFE).

Mediaset souhaite faire de la future entité un champion européen des médias à même de bâtir des alliances avec d'autres poids lourds continentaux, comme l'allemand ProSiebenSat.1, et de résister ainsi à la concurrence des nouveaux géants de la vidéo en ligne, tels que Netflix, et de mastodontes comme Google.

Vivendi s'oppose à ce projet, notamment car il s'accompagne de dispositions sur le plan de la gouvernance qui aboutiront selon lui à renforcer l'emprise de la famille Berlusconi.

Le groupe français s'est tourné vers la justice espagnole, qui a provisoirement suspendu la fusion, et vers la justice italienne, qui ne s'est pas encore prononcée.

C'est pour mettre le maximum de chances de son côté que Mediaset a demandé aux actionnaires, réunis en assemblée générale, de ratifier vendredi les changements de gouvernance de la holding MFE, comme la justice de Milan le lui a suggéré.

Le groupe italien n'a eu aucun mal à faire accepter ces retouches, notamment grâce aux 45,8% de droits de vote détenus par la famille Berlusconi, d'autant que l'entité regroupant l'essentiel de la participation de Vivendi - 20% sur les 29% au total - n'a pas eu voix au chapitre.

Dans un communiqué, Vivendi conteste les conditions d'organisation de ce vote et estime que l'assemblée générale extraordinaire de Mediaset a approuvé ce nouveau plan "de manière irrégulière".

Le groupe français juge notamment que l'interdiction faite à Simon Fiduciaria, le trust qui détient l'essentiel de sa participation dans Mediaset, de prendre part au vote est illégale et s'appuie sur "une interprétation du droit italien des médias contraire au traité de l'Union européenne".

"Le conseil d'administration de Médiaset met, une fois de plus, l'entreprise dans une situation de grave incertitude juridique", ajoute Vivendi.

Les modifications apportées ne dissipent pas les craintes du groupe contrôlé par Vincent Bolloré, qui réclame une refonte plus en profondeur de la structure.

Mediaset est engagé dans une course contre la montre puisque le droit néerlandais lui donne jusqu'au mois de mars pour concrétiser son projet de fusion, faute de quoi l'assentiment donné par les actionnaires lors d'une précédente assemblée générale, en septembre dernier, sera considéré comme nul.

"Si la justice tranche en notre faveur, on peut y arriver", a déclaré le directeur général du diffuseur italien, Pier Silvio Berlusconi, interrogé la possibilité de créer la holding néerlandaise avant cette date butoir.

(Elvira Pollina, version française Simon Carraud)

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Mediaset, ProSiebenSat.1 Media SE, Alphabet, Netflix