L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) estime pour sa part dans un communiqué qu'il lui est impossible de se prononcer sur la validité des résultats publiés, dans la mesure où ils "ne sont ni détaillés, ni accompagnés d’informations sur le laboratoire ou la méthode utilisée".

L'étude met en lumière selon l'AFMT) que "la teneur en lévothyroxine, seul composant hormonalement utile du médicament, est gravement inférieure aux spécification en vigueur".

"Elle expliquerait les effets indésirables graves en relation avec un 'sous dosage', précise l'association.

Le deuxième résultat de l'étude porte sur la "la présence très anormale de dextrothyroxine" qui, si elle était confirmée, pourrait expliquer, indique l'AFMT, "les tableaux très atypiques observés chez de nombreux patients-victimes".

"Les deux premières études que nous avons fait faire ont montré la présence anormale de nano-particules et de métaux lourds. Cette nouvelle étude révèle des problèmes encore plus graves, avec la présence d'un produit toxique qui ne devrait pas figurer dans un médicament", a déclaré à Reuters Chantale Garnier, co-présidente de l'association.

"Pour les patients, c'est une double-peine. Non seulement ils sont malades mais en plus, on leur fournit un médicament qui les rends encore plus malades", ajoute la porte-parole de l'AFMT en pointant les nombreux "effets indésirables" et "inexpliqués" constatés chez de nombreuses personnes utilisant la nouvelle formule du Levothyrox.

MERCK MENACE DE PRENDRE DES "MESURES"

Dans un communiqué, le groupe dénonce "une fois encore" une déclaration "infondée scientifiquement" de l'AFMT.

"Nous démentons de façon formelle la présence de forme dextrogyre dans les comprimés de Levothyrox, qu’il s’agisse de l’ancienne ou de la nouvelle formule", dit Valérie Leto, pharmacien responsable de Merck, auteure du communiqué.

"Dans ce contexte devenu délétère, Merck va prendre les mesures nécessaires pour faire cesser ces diffusions de prétendues déclarations non scientifiquement fondées, qui ne font qu’inquiéter les patients et déstabiliser la communauté médicale", ajoute-t-elle.

Concernant la présence d’une forme de lévothyroxine différente dans la nouvelle formule du Levothyrox (forme Dextrogyre D-T4), Merck affirme formellement que "tel n’est pas le cas".

"Nous rappelons que la substance active utilisée pour Levothyrox nouvelle formule est strictement identique à celle présente dans l’ancienne formule du Levothyrox (forme Levogyre dite L-T4 forme moléculaire)".

L’ANSM rappelle qu’elle a mené depuis septembre 2017 des analyses pour vérifier la qualité de la nouvelle formule de Levothyrox qui ont confirmé sa conformité.

"La présence de traces métalliques dans des produits de santé ne représente pas en soi un défaut qualité ni un risque pour la santé dans la mesure où les concentrations sont inférieures aux seuils de sécurité établis par la communauté scientifique au plan international pour les médicaments, écrit-elle dans son communiqué.

Un demi-million de patients se sont détournés du Levothyrox en France depuis la mise sur le marché de nouveaux médicaments, a déclaré en mars dernier le ministère de la Santé.

(Arthur Connan, avec Johanna Decorse à Toulouse, édité par Yves Clarisse)