Cette annonce n'a toutefois guère séduit le marché, le titre Casino clôturant en baisse de 0,2% à 36,14 euros après avoir légèrement progressé en cours de journée. Il accuse une chute de 28% depuis le début de l'année, pour une capitalisation boursière de 3,96 milliards d'euros.

Attaqué par le fonds Muddy Waters fin 2015 pour manque de transparence et accumulation de dettes, Casino a déjà été contraint de céder ses très rentables actifs asiatiques en 2016 pour alléger son bilan.

Fin 2017, la dette financière nette du groupe s'était cependant à nouveau alourdie pour atteindre 4,1 milliards d'euros, contre 3,37 milliards un an plus tôt.

A nouveau mis sous pression par le marché au printemps dernier face aux inquiétudes sur son endettement et celui de sa maison mère Rallye, Casino a lancé en juin un deuxième plan de cession d'actifs de 1,5 milliard d'euros avant d'être à nouveau dégradé par l'agence Standard & Poor's.

Les analystes de Raymond James, qui rappellent que la vente des actifs asiatiques n'a pas suffi à régler le problème de la dette, estiment que Casino doit faire mieux du point de vue de sa performance opérationnelle.

"Dans un marché français très concurrentiel, la possession des murs des magasins constitue un avantage compétitif (...) La vente d'actifs qui comptent parmi les mieux valorisés ne constitue pas une solution durable au problème de génération de trésorerie et de désendettement", estiment-ils dans une note.

"L'OPÉRATION NE RESOUD EN RIEN LA DETTE DE RALLYE"

Si cette opération peut alléger à court terme la pression sur Casino, "il est préoccupant de voir le groupe céder ses actifs les plus valables", ajoutent-ils.

Pour ceux de Bernstein, ces opérations dites de "sales & lease back" augmentent l'effet de levier et créent de la dette hors bilan. Ils jugent "élevée" la part des murs des Monoprix en location, qui devrait selon eux passer à un niveau bien inférieur à 50%.

Il ajoutent aussi que cette opération ne résoud en rien le problème de la dette de Rallye, qui frôle les 4,0 milliards d'euros, et dont la valeur des actifs - principalement ses actions Casino - est inférieure au montant de sa dette.

Le groupe a réitéré ses objectifs financiers 2018 et réaffirmé prévoir une amélioration de son résultat opérationnel courant en France en 2019 à un rythme comparable à celui de 2018, malgré les loyers des Monoprix qu'il aura désormais à verser.

Le distributeur a précisé que ces loyers annuels totaliseraient 27 millions d'euros.

Ces coûts supplémentaires seront absorbés par "la poursuite des bonnes performances opérationnelles et le déploiement progressif des nouveaux leviers de rentabilité", affirme Casino, qui cite sa nouvelle alliance aux achats avec Auchan et Metro, la "monétisation des données" recueillies par CDiscount ou le "développement externe accéléré" de sa filiale d'énergie GreenYellow.

Après s'être effondré jusqu'à 25,37 euros à la fin du mois d'août, un plus bas depuis plus de 20 ans, le titre Casino a regagné un peu de terrain en septembre, grâce notamment à l'annonce d'une ligne de crédit pour Rallye à l'approche d'une importante échéance de remboursement de dette.

Le titre compte parmi les plus vendus à découvert de la Bourse de Paris. Selon les données de IHS Markit, au 25 septembre, 40,11% du flottant du groupe faisait l'objet de ventes à découvert de la part de hedge funds.

Avec la vente de 15% de Mercialys annoncée en juillet, la cession des murs annoncée ce lundi portera à 778 millions d'euros les cessions réalisées à ce jour.

Le produit de cession devrait être encaissé d'ici le 27 décembre au plus tard et Casino a également déclaré avoir reçu des offres indicatives concernant d'autres actifs, "qui pourraient se matérialiser d'ici la fin de l'année".

(Gwénaëlle Barzic et Pascale Denis, édité par Dominique Rodriguez et Bertrand Boucey)

par Pascale Denis