LA PAZ, 16 novembre (Reuters) - La situation en Bolivie, où des affrontements entre forces de sécurité et producteurs de coca ont fait au moins huit morts vendredi soir, est susceptible "d'échapper à tout contrôle", a estimé samedi Michelle Bachelet, haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies.

Le pays d'Amérique latine a plongé dans l'inconnu depuis la démission de son président Evo Morales dimanche dernier, sous la pression de l'armée et de la police, après un rapport dévoilant des irrégularités lors de l'élection présidentielle du 20 octobre, que Morales affirmait avoir remportée.

Du Mexique, où il a trouvé refuge, l'ex-président dénonce un coup d'Etat et relaye les allégations faisant état d'une répression brutale des forces de sécurité contre ses partisans. Le pays est désormais dirigé à titre intérimaire par l'opposante conservatrice Jeanine Áñez.

"Je m'inquiète que cette situation en Bolivie puisse échapper à tout contrôle si les autorités ne la gèrent pas (...) en respectant pleinement les droits de l'homme", a déclaré Michelle Bachelet dans un communiqué.

"Les actions répressives des autorités (...) pourraient faire obstacle à tout dialogue", a-t-elle ajouté.

Selon le défenseur régional des droits pour la province de Cochabamba, où des affrontements entre forces de sécurité et producteurs de coca ont fait au moins huit morts et une centaine de blessés dans la nuit de vendredi à samedi, la majorité des décès et blessures sont imputables à des tirs à balles réelles.

Des partisans de Morales ont continué à manifester samedi dans le pays, bloquant des axes routiers, coupant certains oléoducs ou défilant dans les rues de La Paz ou El Alto.

Selon le défenseur national des droits, le bilan des personnes tuées depuis le début des manifestations qui ont suivi l'élection du 20 octobre s'est fortement alourdi cette semaine et s'élève désormais à 19. (Daniel Ramos Jean-Stéphane Brosse pour le service français)