(Actualisé avec communiqué d'Alles §3-4, jugement §13-14)

par Roberta Rampton

WASHINGTON, 8 avril (Reuters) - Donald Trump a décidé de remplacer le directeur du Secret Service, a annoncé lundi la Maison blanche, dans le cadre d'une vaste réorganisation du département de la Sécurité intérieure.

La mise à l'écart de Randolph "Tex" Alles, qui sera remplacé en mai par un agent de carrière du service de sécurité présidentiel, James Murray, intervient au lendemain de l'éviction de la secrétaire à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen.

Dans un message aux employés du Secret Service, Randolph Alles a assuré qu'il n'avait pas été "limogé". "Nul doute que vous avez vu des informations dans les médias concernant mon 'limogeage'. Je vous assure que ce n'est pas le cas. En fait, j'ai été informé il y a des semaines par l'administration qu'il fallait s'attendre à des changements de hiérarchie dans l'ensemble du département de la Sécurité intérieure."

"Le président a voulu une transition ordonnée pour la direction de cette agence et j'ai l'intention de respecter cette directive", a ajouté le directeur du Secret Service.

Randolph Alles avait été nommé par Trump à la tête du Secret Service en avril 2017, après avoir occupé un poste de haut responsable à l'agence de protection des douanes et des frontières et servi pendant 35 ans dans le corps des Marines.

Le président américain reproche au département de la Sécurité intérieure, visé par une "purge quasi systématique" selon une source gouvernementale citée par CNN, son manque de fermeté face à l'immigration.

Le premier signe de cette vaste réorganisation a été le retrait brutal par Trump, jeudi dernier, de la nomination de Ron Vitiello au poste de directeur de la police des douanes et de l'immigration (Immigration and Customs Enforcement, ICE). Le président américain a dit vouloir "prendre une direction plus dure".

LIGNE DURE

Le Secret Service, qui dépend du département de la Sécurité intérieure, est chargé d'assurer la protection du président, du vice-président, des anciens présidents et des chefs d'Etat en visite aux Etats-Unis. Sa deuxième mission est la lutte contre la fausse monnaie et la préservation des moyens de paiement.

Donald Trump, déjà en campagne pour sa réélection en 2020, affiche sa volonté de fermeté sur l'immigration, une question qui pourrait être l'un des thèmes centraux de la présidentielle de l'an prochain.

Selon les chiffres du département de la Sécurité intérieure, 100.000 migrants ont été appréhendés à la frontière sud des Etats-Unis en mars, un record en plus de dix ans.

En réaction, Trump a annoncé qu'il couperait l'aide américaine au Guatemala, au Honduras et au Salvador, trois grands pays de provenance des migrants arrivant aux Etats-Unis. Il a aussi menacé fin mars de fermer la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, une menace ensuite atténuée par la porte-parole de la Maison blanche, alors qu'une telle démarche aurait pu compromettre des milliards de dollars d'échanges commerciaux.

Selon CNN, Donald Trump a donné ces dernières semaines à son conseiller Stephen Miller, partisan d'une ligne très dure sur l'immigration, le pouvoir de prendre en charge la politique aux frontières. Un responsable cité par la chaîne a déclaré que Stephen Miller avait pour projet de "décapiter" le département de la Sécurité intérieure.

Les projets de durcissement de la politique migratoire des Etats-Unis pourraient cependant se heurter à des recours en justice, comme plusieurs initiatives présidentielles en la matière déjà retoquées par des tribunaux.

Un juge de district de San Francisco, Richard Seeborg, a ainsi ordonné lundi l'arrêt de la politique américaine consistant à renvoyer certains demandeurs d'asile au Mexique en attendant que leur dossier soit examiné. (Makini Brice et Doina Chiacu Jean-Stéphane Brosse pour le service français)