par David Lawder et Karen Freifeld

WASHINGTON, 6 octobre (Reuters) - Les Etats-Unis pourraient se montrer de plus en plus intransigeants avec leurs partenaires commerciaux, comme ils l'ont fait avec le Canada et le Mexique pour le nouvel Aléna, afin d'accentuer la pression sur la Chine, a déclaré vendredi le secrétaire américain au Commerce dans un entretien à Reuters.

Une disposition du nouvel accord commercial tripartite Etats-Unis-Mexique-Canada (AEUMC, USMCA en anglais), qui doit remplacer l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), vise à empêcher tout accord de libre-échange avec des pays n'ayant pas le statut d'économie de marché, ce qui cible particulièrement la Chine selon des analystes.

D'après cette clause, si l'une des parties de l'AEUMC négocie un accord commercial avec un pays n'ayant pas le statut d'économie de marché, les autres parties peuvent se détacher de l'AEUMC sous six mois et conclure leur propre accord bilatéral.

"C'est une sorte de pilule empoisonnée", avec pour but de "combler les lacunes" qui ont permis à la Chine de légitimer ses pratiques commerciales, a confié Wilbur Ross, précisant qu'une telle disposition pourrait être étendue à de futurs accords commerciaux des Etats-Unis.

"Nous allons voir. Il est certainement bénéfique que le Mexique et le Canada aient signé (...) Les gens peuvent arriver à la conclusion que cela est l'une des conditions préalables à la conclusion d'un accord", a-t-il ajouté.

Si Washington venait à fixer une clause identique dans ses négociations commerciales avec l'Union européenne et le Japon, il pourrait alors isoler davantage Pékin, conformément au souhait du président Donald Trump qui veut mettre fin à la liberté prévalant dans les échanges commerciaux dans le monde.

Wilbur Ross a dit ne pas s'attendre à une avancée dans les discussions commerciales sino-américaines avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis prévues dans un mois.

D'après lui, les représentants chinois ne semblent pas d'humeur à négocier actuellement.

Faisant référence à une stratégie prêtée à plusieurs représentants chinois, il a par ailleurs déclaré que Pékin se trompait en imaginant que Donald Trump ressortirait affaibli des élections au Congrès le 6 novembre.

Le mois dernier, devant le Conseil de sécurité de l'Onu, Donald Trump a accusé la Chine de chercher à s'ingérer dans le processus des élections de mi-mandat afin de nuire à l'administration américaine.

Son vice-président Mike Pence s'est montré jeudi très virulent avec la Chine, estimant que Pékin menait une campagne d'influence sophistiquée contre le Parti républicain en représailles à la politique commerciale de Trump. (Jean Terzian pour le service français)