" Armani habille les épouses, Versace les maîtresses ". Pas sûr que ce dicton résiste au rachat de la marque baroque et flamboyante créée par Gianni Versace il y a quarante ans par le new-yorkais Michael Kors (-0,24% à 66,55 dollars), connu pour ses sacs à main en cuir et depuis peu, pour son prêt à porter accessible. Manifestement, cette question n'a pas taraudé plus que cela le fonds d'investissement américain Blackstone, propriétaire de 20% de Versace depuis 2014, et instigateur du deal.

Déçu de la performance de son investissement, Blackstone a d'abord envisagé une introduction en Bourse avant de privilégier une mise en vente pure et simple.

Selon la presse, plusieurs maisons de luxe françaises, dont Kering, étaient sur les rangs. Mais ces dernières auraient renoncé devant le prix, jugé trop cher, fixé par Blackstone.

Michael Kors, lui, a saisi cette opportunité qui lui permet d'espérer s'asseoir un jour à la même table que Louis Vuitton, LVMH et Chanel.

L'espoir à un prix : un peu plus de deux milliards de dollars. Un montant élevé pour s'offrir un groupe aussi iconique que fragile.

L'an dernier, Versace a réalisé un chiffre d'affaires de 668 millions d'euros pour un bénéfice net de près de 15 millions.

Pour créer son empire du luxe, l'américain avait déjà surpris en rachetant la marque de chaussures de luxe Jimmy Choo, pour près 1,2 milliard de dollars.

Qu'elles soient à Paris, Miami ou ailleurs, Carla Bruni, Cindy Crawford, Claudia Schiffer, Helena Christensen et Naomi Campbell, top-modèles emblématiques de la décennie 1990 et fidèles de Versace, ont surement eu un pincement au cœur en apprenant cette cession.

Elles ont, sans aucun doute, adressé un petit mot de réconfort à leur amie, Donatella Versace, directrice artistique de la marque à la Méduse et véritable gardienne du temple depuis le meurtre de son frère Gianni, à l'été 1997.