(Actualisation : contexte sur la restructuration du groupe, commentaires d'analystes et cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Florent Menegaux a mis la gomme. Six mois après son accession à la présidence de la gérance de Michelin, le dirigeant a déjà décidé la mise à l'arrêt de deux usines. Jeudi, le fabricant de pneumatiques a annoncé son intention de fermer d'ici à la fin de l'année prochaine son site français de La Roche-sur-Yon, en raison de l'apathie du marché des pneus haut de gamme pour poids lourds.

Cette communication intervient alors qu'à la fin septembre, Michelin a décrété la fermeture de son usine de Bamberg, en Allemagne, d'ici début 2021, alors que les pneumatiques "premium" qui y sont fabriqués sont destinés à un marché chahuté par la baisse de la demande et par la concurrence asiatique.

Ces décisions répondent à l'urgence pour Michelin de remodeler son empreinte industrielle. Malgré la mise à l'arrêt de treize sites en dix ans, "le groupe doit poursuivre ses efforts visant à restructurer son outil de production", indiquait le directeur financier, Marc Henry, en avril.

Pour alléger sa base de coûts de manière à ce que son "pricing power", soit son pouvoir de prix, se traduise en points de marge, Michelin est contraint de couper dans ses effectifs. L'an passé, les frais généraux et administratifs ont représenté 17% de son chiffre d'affaires, hors activités de distribution, contre un taux plus favorable de 14% affiché par ses concurrents. Les usines de La Roche-sur-Yon, avec ses 619 salariés, et de Bamberg, employant 858 personnes, en font aujourd'hui les frais.

Déséquilibre géographique

L'emplacement géographique de ces deux sites a également pu influer sur leur sort. L'outil industriel est démesurément exposé à l'Europe au regard des activités de la multinationale. En 2018, l'industriel a réalisé 48% de sa production sur le Vieux continent alors qu'il comptait pour 39% seulement de son chiffre d'affaires. Cela signifie que le groupe exporte une part significative de ses produits confectionnés en Europe vers d'autres destinations. En plus d'accroître la sensibilité des résultats aux variations des taux de change, ce déséquilibre impose au groupe de comptabiliser des frais de logistique, de stockage ou de transport supplémentaires estimés à 200 millions d'euros par an par Deutsche Bank.

Ces efforts de restructuration montrent que Michelin "ne s'interdit rien, même en France", constate Barclays. Mais cette stratégie ne portera toutefois ses fruits sur les plans financier et boursier "qu'à partir de 2021 au plus tôt", ajoute la banque. Le pneumaticien devra enregistrer une provision d'un montant de 287 millions d'euros en charges non récurrentes dans ses comptes de l'exercice en cours, au titre du financement de la fermeture des sites de La Roche-sur-Yon et Bamberg.

Jeudi, en milieu de journée, l'action Michelin progressait timidement de 0,6%, à 97,36 euros.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH

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