Pékin (awp/afp) - Le premier fabricant chinois de smartphones Xiaomi a annoncé mercredi un partenariat d'ampleur avec le géant américain de l'informatique Microsoft, dont il rachète près de 1.500 brevets, dans l'espoir de relancer son développement très contrarié à l'international.

Leur "partenariat de long terme" prévoit des échanges croisés de brevets, mais aussi l'engagement par Xiaomi qu'il pré-installera sur ses smartphones des copies de logiciels phares de Microsoft (la suite bureautique Office et la messagerie Skype), selon un communiqué des deux groupes.

Les téléphones de Xiaomi fonctionnent sous Android --le système d'exploitation de l'américain Google--, mais le chinois avait déjà collaboré avec Microsoft sur l'environnement de sa tablette Mi Pad.

Ce nouvel accord est toutefois d'une tout autre envergure: le Chinois va ainsi mettre la main sur "presque 1.500 brevets" de Microsoft, couvrant les communications sans fil, la vidéo, le cloud et les technologies multimédia, selon une porte-parole de Xiaomi citée par Bloomberg.

Aucun détail financier sur l'opération n'a été communiqué.

"C'est gagnant-gagnant (...) Microsoft utilise sa propriété intellectuelle (ses brevets) pour attirer des acteurs vulnérables comme Xiaomi" et "conforter ses alliances", a commenté Neil Shah, analyste du cabinet Conterpoint Research, cité par Bloomberg.

Et ce à l'heure où le géant américain entend se désengager de la production directe de smartphones dans laquelle il s'était lancé en 2013 avec le rachat d'une branche du finlandais Nokia.

Il a annoncé en mai la vente de son activité de fabrication de téléphones de base au finlandais HMD Global, contrôlé par des anciens de Nokia, et à l'industriel taïwanais Foxconn.

De son côté, Xiaomi --fondé en 2010 et dont le nom signifie "millet"-- est passé en quelques années du statut de start-up à celui de géant industriel, en s'imposant au premier rang des ventes chinoises de smartphones, loin devant l'américain Apple et le sud-coréen Samsung.

Mais son succès reste largement limité à la Chine, où il réalise 90% de ses ventes.

-Sésame pour l'international?-

Xiaomi a écoulé au total plus de 70 millions de téléphones l'an dernier. Au quatrième trimestre 2015, il était au cinquième rang mondial, avec 4,6% des ventes, selon le cabinet IDC.

Il restait néanmoins très à la traîne cependant derrière son compatriote Huawei (8,1%), et il a carrément disparu du top-5 au premier trimestre 2016, dépassé par deux autres fabricants chinois, OPPO et vivo.

La recette du succès de Xiaomi semblait simple: proposer du haut de gamme en limitant de façon draconienne les coûts de production, pour des appareils bien moins chers que ceux d'Apple et "croquer" ainsi l'avance de la marque à la pomme.

Mais ses détracteurs l'ont longtemps accusé de copier sans vergogne le design et les technologies de ses concurrents, profitant du laxisme des autorités chinoises.

Il avait connu en 2014 des déboires retentissants en Inde, où la justice avait suspendu ses ventes après un contentieux en propriété intellectuelle avec le suédois Ericsson. Celui-ci dénonçait un pillage de ses technologies sans fil.

De l'avis des experts, il manque toujours à Xiaomi un portefeuille de brevets suffisamment musclé pour percer sur les marchés occidentaux, en séduisant un public exigeant et sans mésaventures judiciaires.

En dépit de ses efforts au Brésil et en Inde, Xiaomi dépend toujours du marché chinois, alors que celui-ci est désormais disputé par de nouveaux fabricants locaux et subit un net ralentissement.

"Comme le démontre cet accord avec Microsoft, Xiaomi cherche à construire des partenariats durables avec les leaders technologiques mondiaux", a commenté mercredi Xiang Wang, vice-président du groupe.

C'était déjà une source d'inspiration: pour accompagner son essor, Xiaomi avait chassé des têtes chez des grands noms comme Microsoft, Motorola ou Yahoo --en recrutant même en 2013 l'un des cerveaux de Google, Hugo Barra.

afp/al