Les visées de Midea, attestant des ambitions des firmes chinoises en Europe, ont suscité une polémique en Allemagne où l'on s'inquiète de voir des fleurons européens des technologies industrielles passer sous pavillon chinois.

En visite à Pékin lundi, la chancelière Angela Merkel avait dit que son pays était ouvert aux investissements chinois à condition de pouvoir bénéficier des mêmes conditions d'investissement en Chine.

Le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel a appelé de ses voeux une contre-offre européenne pour Kuka mais aucun prétendant ne s'est manifesté.

"Midea soutient pleinement l'indépendance opérationnelle de Kuka et considère que la continuité de gestion de l'actuelle équipe dirigeante est primordiale pour assurer la réussite de Kuka", souligne la société chinoise, qui s'engage à préserver les sites, l'emploi, les marques et la propriété intellectuelle.

Midea, qui détient déjà 13,5% du capital de Kuka, a confirmé qu'il en voulait plus de 30%, ce qui l'obligerait, suivant le droit boursier allemand, à lancer une offre sur la totalité du capital.

Le groupe chinois propose 115 euros par action du 16 juin au 15 juillet, ce qui représente une prime de 36% sur le cours de l'action Kuka avant que Midea n'ait fait état de ses intentions.

Kuka gagnait 2,73% à 108,95 euros en fin de matinée en Bourse de Francfort.

Till Reuter, le président du directoire de Kuka, avait dit aux actionnaires le mois dernier que l'offre de Midea était un élément positif pour la stratégie suivie par l'entreprise. Il a déclaré jeudi qu'il ouvrirait des négociations avec Midea et qu'il publierait un communiqué détaillé sur l'offre dans les deux semaines.

Pour l'heure, aucune contre-proposition européenne ne semble vouloir se manifester.

Siemens, qui serait l'associé le plus naturel de Kuka, a dit ce week-end qu'il n'était pas intéressé, tandis que le suisse ABB, doté de son propre pôle robotique, s'est abstenu de tout commentaire sur les informations voulant qu'il soit en principe intéressé si le prix était plus bas.

Le groupe d'ingénierie Voith, propriétaire du quart de Kuka, a dit qu'il examinerait l'offre avec soin. L'homme d'affaires Friedhelm Loh, détenteur de 10% du capital, n'était pas joignable dans l'immédiat.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Georgina Prodhan

Valeurs citées dans l'article : KUKA AG, Siemens AG, ABB Ltd., Midea Group Co Ltd