* Le directeur général Osamu Masuko nommé président par intérim

* Réunion des dirigeants de l'alliance cette semaine à Amsterdam

* Ghosn concentrait trop de pouvoirs-DG de Nissan aux salariés (Actualisé avec détails, contexte)

par Sam Nussey et Chang-Ran Kim

TOKYO, 26 novembre (Reuters) - Mitsubishi Motors a évincé lundi Carlos Ghosn de son poste de président du constructeur automobile japonais, imitant ainsi son partenaire d'alliance Nissan.

Le groupe, à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration, a précisé que le directeur général Osamu Masuko était nommé président par intérim.

"Ghosn a perdu la confiance de Nissan" et il est "difficile pour lui de remplir ses fonctions", a noté dans un communiqué Mitsubishi Motors, que Nissan contrôle avec 34% des parts et deux administrateurs au conseil.

Carlos Ghosn, en détention au Japon depuis le 19 novembre sous les accusations de fraude fiscale et détournement de fonds dans le cadre de ses activités chez Nissan, est toujours PDG aussi bien du groupe Renault que de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Carlos Ghosn a nié les accusations portées contre lui, a rapporté dimanche la chaîne publique japonaise NHK.

De hauts responsables de l'alliance doivent se retrouver en milieu de semaine à Amsterdam, dans le cadre de comités opérationnels prévus avant l'affaire Ghosn, afin de protéger leurs activités conjointes des répercussions de ce dossier alors qu'une lutte d'influence se profile entre Nissan et Renault.

Le conseil d'administration de Renault s'est abstenu de démettre officiellement Carlos Ghosn de ses fonctions et a choisi un tandem pour assurer l'intérim.

Le directeur général de Nissan Hiroto Saikawa, qui assure la présidence par intérim, a déclaré lundi aux salariés du groupe que trop de pouvoirs avaient été concentrés entre les mains de Carlos Ghosn et qu'à l'avenir une meilleure communication entre le conseil de l'alliance et les dirigeants des entreprises permettrait de préserver l'indépendance des trois constructeurs tout en générant des synergies.

REMONTÉE EN BOURSE

Hiroto Saikawa, selon un porte-parole de Nissan qui a rapporté ses propos, n'a pas suggéré qu'il était nécessaire de revoir la structure actionnariale de l'alliance avec Renault.

Carlos Ghosn, comme l'Etat français, plaidait pour un renforcement de l'alliance, y compris une éventuelle fusion de Renault et Nissan, en dépit des grosses réserves exprimées par le groupe japonais.

Renault, dont l'Etat français est le premier actionnaire avec 15% du capital, détient 43,4% de Nissan. Celui-ci a 15% de Renault sans droit de vote.

Tout en insistant sur le fait que les entreprises fonctionnaient normalement en dépit du choc provoqué par l'arrestation de Carlos Ghosn, Nissan a repoussé la commercialisation du nouveau modèle de sa voiture électrique Leaf "pour garantir que ce lancement important reçoive la couverture qu'il mérite", selon l'expression d'un porte-parole du groupe.

Mitsubishi Motors, avant même l'affaire Ghosn, avait l'intention d'aborder la question de sa position au sein de l'alliance, a de son côté déclaré à la presse Osamu Masuko.

Mitsubishi mène sa propre enquête interne sur Carlos Ghosn et a l'intention d'en annoncer les résultats lors de la réunion de son conseil d'administration en décembre.

A la Bourse de Tokyo, l'action Mitsubishi Motors a fini en hausse de 3,3% lundi et Nissan a pris 1,8%, surperformant le marché (+0,8% pour l'indice Nikkei).

L'action Renault poursuit aussi sa remontée après sa lourde chute du début de la semaine dernière. Le titre gagnait 3,3% en milieu de journée et surperformait le marché parisien (+1% pour l'indice CAC 40) comme l'indice des valeurs européennes de l'automobile (+2,2%). (Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor Co Ltd, MITSUBISHI MOTORS CORPORATION, Renault