PARIS (awp/afp) - L'agriculteur Paul François, figure en France du combat contre Monsanto, a ressenti "beaucoup de joie" pour tout ceux qui se battent à travers le monde après la condamnation aux Etats-Unis du géant agrochimique.

"J'ai pensé à eux en me disant que cette décision allait les aider et leur donner beaucoup d'espoir", déclare samedi à l'AFP le président de l'association Phyto-victimes et auteur du livre "Un paysan contre Monsanto".

Un tribunal de San Francisco a condamné Monsanto, racheté en juin par Bayer, à payer près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup à l'origine du cancer de Dewayne Johnson, un jardinier américain.

En apprenant cette décision, le céréalier, lui-même en procés contre Monsanto, explique avoir pensé aux victimes des épandages de glyphosate en Argentine "souvent désespérées" "qui n'ont que leur courage pour se battre", aux Burkinabés "avec moins que rien" ou encore à "tous les agriculteurs qui ont développé les mêmes pathologies que ce jardinier américain".

"La décision américaine ne pourra pas faire jurisprudence en France mais les avocats pourront s'en servir dans leur argumentation", car "la décision américaine est argumentée", explique l'agriculteur.

Même si "cette condamnation n'est pas définitive", "le délibéré est fort et stipule que Monsato a manqué à son devoir de bienveillance vis à vis de ses clients, à son devoir d'information sur les risques", ajoute-t-il.

Paul François, agriculteur charentais avait lui été intoxiqué en avril 2004 après avoir inhalé des vapeurs de Lasso, un herbicide de Monsanto qu'il utilisait dans sa culture du maïs.

Après des années de procédure, Monsanto a été reconnu responsable de l'intoxication de cet agriculteur devant la cour d'appel de Lyon en septembre 2015 mais cette décision a ensuite été annulée à l'été 2017 par la Cour de cassation. Son dossier sera à nouveau débattu le 6 février 2019.

"Je pense que cette décision va donner un argument de poids à Nicolas Hulot pour dire à ces collègues européens qu'il est urgent de mettre en place un calendrier de sortie du glyphosate en Europe", ajoute Paul François qui attend "que les gouvernements prennent leur responsabilité".

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