NEW YORK (awp/afp) - Le géant de l'agrochimie Monsanto a demandé vendredi à un juge de l'Arkansas (sud) de suspendre la décision d'une agence de l'Etat d'interdire l'utilisation pendant les récoltes de l'herbicide dicamba, objet de controverses aux Etats-Unis.

L'utilisation de ce produit chimique a soudainement bondi cette année après la commercialisation par Monsanto de semences de soja et de coton génétiquement modifiées pour le tolérer.

Mais le dicamba, un cousin du glyphosate, a aussi tendance à se propager sur les champs alentours.

Il a ainsi été éparpillé involontairement sur environ 4% des champs de soja aux Etats-Unis. L'impact exact sur les rendements n'est pas encore quantifié mais les agriculteurs touchés évoquent des feuilles qui se sont bombées et froissées.

Face à l'afflux de réclamations au printemps et cet été, l'agence de l'Arkansas en charge de la régulation des pesticides a recommandé début novembre d'interdire définitivement son utilisation entre le 16 avril et le 31 octobre, une décision qui doit encore être approuvée par les législateurs de l'Etat.

Même si elle n'est pas encore entérinée, la décision d'interdire le dicamba pendant la saison des récoltes "cause déjà des dommages irréparables aux sociétés vendant des semences et des produits chimiques, dont Monsanto, qui ont investi plusieurs millions de dollars pour développer des semences tolérant le dicamba et/ou des nouvelles technologies limitant la volatilité de l'herbicide", argue l'entreprise dans une plainte.

Environ 30% des agriculteurs vont acheter leurs semences d'ici la fin de l'année et le reste en janvier et février, et ils baseront en partie leur décision sur la disponibilité, ou l'indisponibilité, des produits, fait valoir encore Monsanto.

Dans la foulée de l'Arkansas, la chambre d'Agriculture de l'Etat du Missouri a aussi décidé vendredi de limiter l'utilisation du dicamba à partir du 2 juin dans certains comtés, et à partir du 15 juillet dans l'ensemble de l'Etat.

Cette bataille judiciaire sur le dicamba n'est pas la seule lancée par Monsanto.

L'entreprise basée à St. Louis dans le Missouri (centre des Etats-Unis) a, avec plusieurs organisations agricoles, porté plainte mercredi contre la décision prise en juillet par l'Etat de Californie de classer le glyphosate comme substance cancérigène.

Cette classification doit normalement conduire à l'obligation pour les entreprises vendant des produits contenant du glyphosate, comme le fameux désherbant Round-Up de Monsanto, d'indiquer la présence de cette substance sur les étiquettes.

jum/lo/pb