Pékin (awp/afp) - La Chine devrait annoncer jeudi un rebond de sa croissance au deuxième trimestre, signe de redémarrage de l'économie après un effondrement historique du PIB en début d'année pour cause de coronavirus.

Un groupe de 10 experts interrogés par l'AFP table en moyenne sur une hausse de 1,3% du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale sur la période avril-juin.

Ce rythme de croissance serait encore bien éloigné du niveau atteint en 2019 (+6,1%).

Mais il serait bien meilleur qu'au premier trimestre (-6,8%) quand la Chine avait signé sa pire performance économique depuis la fin de l'ère maoïste, au moment où l'épidémie de Covid-19 paralysait le pays.

Signe de l'incertitude autour des conséquences économiques du virus, les prévisions d'experts sont très disparates: d'une contraction de -2% au second trimestre pour la plus pessimiste à +4,5% pour la plus optimiste.

"La Chine est sur la voie de la reprise et elle sera la seule grande économie à connaître une croissance positive cette année", veut croire l'analyste Gene Ma, de l'Institut de finance internationale (IIF), basé aux Etats-Unis.

Car "la Chine a été la première à entrer et à sortir du choc de l'épidémie" en dépit de l'apparition d'un nouveau foyer de contagion à Pékin le mois dernier, fait-il remarquer. Et le pays a largement redémarré son économie.

En juin, l'activité manufacturière a réalisé sa meilleure performance depuis mars, tandis que l'activité dans les services a atteint un niveau inégalé depuis 2010.

Dans le même temps, les importations ont connu un net rebond sur un an (+2,7%), après cinq mois consécutifs de contraction.

Incertitudes et tensions

Il s'agit d'une "reprise atypique", où l'offre se remet plus rapidement que la demande, fait remarquer l'analyste Liu Liu, de la banque d'investissement CICC.

Les entreprises peinent en effet à remplir leurs carnets de commandes.

Le secteur de l'exportation, un pilier de l'économie chinoise, est particulièrement vulnérable au moment où les principaux partenaires commerciaux de Pékin affrontent toujours le virus.

Et la consommation intérieure peine à se rétablir, alors que la situation de l'emploi préoccupe les dirigeants chinois.

Le taux de chômage, calculé en Chine pour les seuls urbains, s'est légèrement contracté en mai à 5,9%, contre 6% en avril et un record absolu de 6,2% en février.

Résultat, "les incertitudes demeurent élevées" pour la Chine, relève l'économiste Xu Xiaochun, de l'agence de notation Moody's, d'autant que le bassin du Yangtsé, qui abrite le tiers de la population du pays, connaît ses plus fortes pluies depuis près de 60 ans.

Les pertes économiques provoquées par les inondations sont estimées à quelque 5 milliards d'euros, selon M. Xu, qui s'inquiète par ailleurs des tensions entre la Chine et les Etats-Unis.

Elles "menacent de déclencher une nouvelle escalade dans la guerre commerciale qui serait préjudiciable aux deux économies", estime-t-il.

Ces derniers mois, les pierres d'achoppement se sont multipliées entre Pékin et Washington: entrée en vigueur d'une loi controversée sur la sécurité à Hong Kong, gestion de la pandémie de Covid-19, tensions en mer de Chine méridionale mais aussi répression contre les musulmans chinois de la minorité des Ouïghours.

afp/ol