Francfort (awp/afp) - Le poids lourd mondial de la réassurance Munich Re a abaissé mardi ses objectifs financiers 2016 car il a de plus en plus de mal à faire fructifier son argent sur les marchés, ce qui a grevé ses bénéfices au premier trimestre.

Le groupe allemand, dont le coeur de métier est d'épauler les assureurs contre les risques qu'ils encourent, bénéficie d'un début d'année sans grandes catastrophes naturelles en 2016. Mais sa division d'investissement est à la peine: les taux sont très bas, voire négatifs sur le marché obligataire, et les actions sont perturbées par la volatilité des grandes Bourses mondiales depuis le début de l'année.

Conséquence, Munich Re vise désormais un bénéfice net de 2,3 milliards d'euros cette année, contre un résultat attendu jusqu'à présent dans une fourchette allant de 2,3 à 2,8 milliards.

"Nous avons eu à faire face à des pressions significatives sur notre résultat d'investissement" au premier trimestre, a reconnu Jörg Schneider, directeur financier du groupe bavarois, cité dans un communiqué.

De quoi justifier une "réaction négative sur le marché étant donné les résultats (trimestriels) et les prévisions plus faibles" de Munich Re, a estimé Xinmei Wang, analyste chez Morgan Stanley.

Vers 10H00 GMT, l'action du réassureur perdait 2,05% à 159,90 euros à la Bourse de Francfort, relégué au fond d'un indice vedette Dax globalement optimiste (+1,06%).

Le patron du groupe, Nikolaus von Bomhard, qui abandonnera ses fonctions l'an prochain, avait pourtant déjà préparé les esprits fin avril, en laissant miroiter un premier trimestre nettement moins bon qu'en 2015 car Munich Re a beaucoup plus de mal à faire fructifier les primes versées par ses clients.

Entre janvier et mars, le bénéfice net du réassureur a été divisé par près de deux, à 430 millions d'euros, contre 790 millions enregistrés un an plus tôt. Un résultat inférieur aux 634 millions attendus par les analystes interrogés par l'agence financière Bloomberg.

"Les résultats du premier trimestre sont en dessous de nos attentes", a concédé M. Schneider lui-même.

Les entrées de primes brutes, l'équivalent du chiffres d'affaires dans le secteur de l'assurance, sont elles en baisse de 4%, à 12,5 milliards d'euros, tandis que le bénéfice d'exploitation a fondu de 27%, à 726 millions d'euros.

M. Schneider a également prévenu que des "coûts importants" sont "de plus en plus probables" pour la réorientation stratégique de la division d'assurance directe de Munich Re, nommée Ergo. Cela explique aussi en partie l'abaissement des ambitions du groupe pour 2016.

"Ergo reste le maillon faible du groupe et les résultats du premier trimestre sont décevants", a résumé Vikram Gandhi, analyste chez Société Générale.

afp/buc