PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le partenariat entre Natixis et Oddo BHF pour les marchés actions est sur les rails. Les deux groupes ont officialisé hier leurs discussions à l'issue d'une première réunion d'information de leurs partenaires sociaux. Commel'avait révélé L'Agefi fin novembre, Natixis va transférer à Oddo BHF ses équipes de courtage et de recherche actions en France, un métier où le groupe perd aujourd'hui de l'argent. A l'inverse, la filiale de BPCE se chargera du primaire actions (ECM) pour les deux entités, une activité qui emploie aujourd'hui deux banquiers chez Oddo BHF.

Pour matérialiser cet accord, d'une durée initiale de cinqannées, il est prévu que Natixis entre à hauteur de 5% au capital de son partenaire. Une fois le processus d'information-consultation des partenaires sociaux mené à son terme, les deux groupes espèrent aboutir à un accord définitif au début du printemps.

L'entrée en vigueur de MIF 2 le 3 janvier 2018, en imposant la stricte séparation des frais de courtage et de recherche, est à l'origine de la réflexion. Le modèle économique du courtage, déjà mal en point, s'en trouvera dégradé, les grands clients étant amenés à faire appel à un nombre restreint de brokers. "MIF 2 représente un bouleversement pour l'intermédiation et conduit à une baisse du pool de commissions versées par la clientèle institutionnelle. Avec ce projet d'accord, nous préemptons la consolidation inévitable du marchéet nous démontrons notre engagement sur la durée", explique àL'AgefiNicolas Wirz, le responsable de la banque d'investissement d'Oddo BHF.

Les deux partenaires se sont donc répartis les rôles. A Natixis, l'origination des deals sur le primaire actions -- de quoi mettre entre parenthèses l'accord non exclusif signé il y a un anentre la banque d'affaires Messier Maris et Oddo, et dont les effets concrets sur l'activité se font attendre. A Oddo BHF, qui devient le broker exclusif de Natixis, le marché secondaire -- placement, courtage et recherche. "Ce partenariat industriel constitue une réponse offensive aux défis posés par MIF 2. Natixis garde sa marque pour ses activités de dialogue stratégique avec les émetteurs, mais a besoin pour les exercer d'être adossé à un broker de qualité", souligne Marc Vincent, co-responsable du pôlebanque de grande clientèle chez la filiale cotée de BPCE.

Vers une ruptureconventionnelle collective ?

"La capacité de distribution d'Oddo BHF a vocation à être développée. En lui greffant la capacité d'origination de Natixis, on crée des revenus supplémentaires qui fondent le modèle économique de l'activité", expose Nicolas Wirz. De 350 à 400 émetteurs suivis aujourd'hui, la couverture d'Oddo BHF passerait à 600 sociétés, dont 220 en France et 130 en Allemagne, avec des expertises fortes sur les valeurs moyennes, les capitalisations inférieures à 500 millions d'euros, ou encore l'ISR. La clientèle du courtier indépendant est aujourd'hui majoritairement étrangère, alors que celle de Natixis penche vers la France.

Dans leur communiqué, les deux groupes ne soufflent mot, en revanche, des conditions financières de l'opération ni du sort des salariés concernés. Les activités de Natixis emploient environ 90 salariés, dont la moitié d'analystes. Selon les éléments évoqués avec les partenaires sociaux, le schéma privilégié est celui d'un transfert des contrats de travail, qui pourrait être suivi par la mise en place chez Oddo d'une rupture conventionnelle collective, le nouveau dispositif créé cette année par la loi travail.

A ses équipes, Natixis a par ailleurs annoncé hier l'arrêt dès le 31 décembre 2017 de ses activités decash equitiesaux Etats-Unis et au Royaume-Uni, un périmètre non couvert par le projet avec Oddo BHF. Près de 20 collaborateurs seraient concernés.

"A ce stade, il est très prématuré d'évoquer les impacts RH du transfert des activités de cash actions", indique de son côté Nicolas Wirz. Les deux maisons veulent surtout éviter toute comparaison avec Kepler Cheuvreux. En 2013, le Crédit Agricole avait apporté son broker CA Cheuvreux à Kepler, dont il est devenu actionnaire à 15%. Dans les faits, la banque verte avait versé une soulte à Kepler et financé ainsi un plan social massif ayant abouti à la suppression de 500 postes sur700.

-Alexandre Garabedian, L'Agefi. ed: VLV

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