Ingenico a confirmé avoir été approché, sans dire par qui.

Edenred s'est refusé à tout commentaire.

Ingenico gagne 5,02% à 66,06 euros vers 12h50 en Bourse de Paris, après être monté jusqu'à 72,40 euros en début de séance, tandis que Natixis cède 5,15% à 5,34 euros et qu'Edenred perd 2,18% à 30,91 euros.

"Natixis et Edenred ont chacun envoyé des lettres exprimant une marque d'intérêt pour Ingenico au début de l'été", a dit une source proche du dossier. "Ingenico a des échanges avec Natixis mais n'a pas démarré de discussion avec Edenred."

Une seconde source a dit s'attendre à une bataille d'enchères entre Natixis et Edenred, ajoutant que ce dernier préparait une offre ferme.

Edenred, qui a pour concurrents Sodexo, Compass mais aussi MasterCard et Visa, a dit fin juillet s'attendre à dépasser cette année ses objectifs de croissance organique fixés à moyen terme.

Pour Natixis, filiale cotée du groupe bancaire mutualiste BPCE, un rapprochement avec Ingenico permettrait de se renforcer dans les services et les moyens de paiement, qui font partie, avec la gestion d'actifs et la banque d'affaires, de ses priorités de développement.

"Natixis confirme son intérêt à explorer la logique d'un rapprochement industriel de ses activités de paiement avec celles du groupe Ingenico et avoir des discussions préliminaires en cours sur ce sujet", a dit le groupe bancaire dans un communiqué.

"Natixis a indiqué de manière claire que le développement de son activité paiement et les investissements dans cette activité font partie de sa stratégie, y compris en participant à la consolidation du marché, et continue de revoir ses diverses options à cet effet", ajoute la banque, qui dispose d'une filiale dédiée avec Natixis Payment Solutions.

De son côté, Ingenico est resté prudent, se bornant à confirmer des approches, sans nommer Natixis ni Edenred.

"Ingenico (...) indique avoir fait l'objet d'approches préliminaires en vue d'une opération stratégique", dit le groupe dans un bref communiqué.

Le spécialiste du paiement déclare mener "une revue de ses options stratégiques et de leurs mérites respectifs", ajoutant qu'il se refuserait à tout autre commentaire.

Reuters a révélé début août que le fonds de capital investissement CVC avait abandonné des discussions en vue d'un rachat d'Ingenico.

UN FINANCEMENT DÉLICAT POUR NATIXIS

Pour les analystes de Jefferies, un rachat d'Ingenico - valorisé en Bourse environ quatre milliards d'euros avant la flambée du titre jeudi - pourrait constituer une opération délicate à financer pour Natixis, dont la capitalisation boursière s'élève à près de 18 milliards d'euros.

"Ce n'est pas une surprise pour nous de voir Natixis regarder des acquisitions dans le secteur des paiements", soulignent ces analystes tout en jugeant que "le retour pour les actionnaires de Natixis n'est pas évident."

"Cette transaction permettrait à Natixis de faire un bond considérable dans ses activités de paiements", observent de leur côté les analystes de Kepler Cheuvreux, à l'achat sur le titre de la banque, estimant les synergies de coûts à 240 millions d'euros en année 3 et ensuite.

La mauvaise nouvelle, poursuivent-ils, c'est que cette transaction devrait remettre en cause le dividende spécial potentiel de 1,5 milliard d'euros attendu de la vente récente des activités de détail.

"Pire encore, Natixis devrait lever trois milliards d'euros environ pour financer cette acquisition - sachant que nous pensons que BPCE ne laissera pas diluer sa participation de 71% dans Natixis", disent-ils.

Ces dernières années, Natixis a procédé à plusieurs acquisitions dans les secteurs de la gestion d'actifs et de la banque d'affaires avec notamment des prises de participations majoritaires dans les sociétés de conseil en fusions et acquisitions Fenchurch et Vermilion.

Elle va récupérer 2,7 milliards d'euros après la cession à sa maison mère de ses activités dans l'affacturage, les cautions et garanties, le crédit-bail, le crédit à la consommation et les titres.

Natixis a souligné jeudi qu'elle respecterait une discipline financière stricte, conformément à ce qu'elle avait annoncé en septembre dernier.

(Avec Pamela Barbaglia et Jean-Michel Bélot, édité par Bertrand Boucey)

par Matthieu Protard et Cyril Altmeyer