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PARIS (awp/afp) - Relativisant l'impact du coronavirus chinois, les marchés boursiers européens ont continué de profiter d'une dynamique porteuse cette semaine, entre afflux de liquidités, bons résultats et statistiques encourageantes, une évolution qui devrait se poursuivre dans les prochains jours.

"La résilience du marché est excellente", ce dernier refusant "résolument de voir le verre d'eau à moitié vide", souligne auprès de l'AFP Guillaume Garabedian, responsable de la gestion conseil chez Meeschaert Gestion Privée.

Car même si les annonces autour de l'épidémie de Covid-19 - dont le bilan a soudainement augmenté jeudi en raison d'un changement de méthodologie - ont pu ponctuellement faire reculer les indices, cela ne les a pas empêchés d'atteindre de nouveaux sommets annuels cette semaine.

Près de 64.000 cas de contamination ont désormais été enregistrés en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) et le nombre de personnes décédées par le nouveau coronavirus s'élève à 1.380 au niveau national, selon le dernier bilan fourni par Pékin.

"Aujourd'hui nous n'avons pas de facteur d'appréciation précis qui nous permettrait de dire que la situation épidémiologique va se dégrader en Chine", relève M. Garabedian.

"Les marchés pensent que, probablement courant février, on devrait commencer à voir une baisse des cas de contamination", note pour sa part Esty Dwek, directrice de la stratégie de marché chez Natixis IM Solutions.

A cela s'ajoute une dynamique de fond "porteuse": "les marchés américains caracolent de records en records, les banquiers centraux sont là, il y a des perspectives de plans de relance" en Chine ou en Europe, et les entreprises continuent de racheter leurs actions, poursuit-il.

"Nous avons quand même ce filet de sécurité, que ce soit des banques centrales ou des gouvernements, qui de manière générale ont très envie de prolonger ce cycle" économique, abonde auprès de l'AFP Mme Dwek.

Ralentissement économique contenu

Pour M. Garabedian, cette tendance haussière devrait pour ces différentes raisons se poursuivre dans les semaines qui viennent, "sauf choc exogène réellement impactant".

Et il faudrait "vraiment que l'on constate la réalité d'un ralentissement pour faire fléchir pour de bon les marchés", même s'il y aura incontestablement des conséquences sur les données macroéconomiques et les résultats d'entreprises du premier trimestre, ajoute l'analyste.

"Tout ne pourra pas être récupéré du premier trimestre chinois parce qu'il y a quand même tout une partie de dépenses et de voyages pour le Nouvel An qui ne sera pas répliquée", souligne Esty Dwek.

Un point de vue partagé par M. Garabedian: "il y aura une déperdition, des pertes sèches et non rattrapables, c'est certain, notamment dans le secteur de l'aérien, du tourisme, de la restauration".

Un phénomène qui pourrait avoir des conséquences plus sensibles en Europe, davantage exposée à la demande chinoise que les Etats-Unis, à l'économie plus domestique.

Reste que "tout ce qui est production devrait être rattrapé" et "si cela prend quelques semaines de plus", ce n'est pas grave, anticipe Mme Dwek.

Si nous avons "un ralentissement contenu, et qu'en plus l'essentiel de cette perte de consommation en Chine et dans le monde se compense au cours du deuxième et du troisième trimestres", il n'y a pas péril en la demeure, relativise lui aussi M. Garabedian.

A ce titre, les indicateurs publiés ces prochaines semaines, au premier rang desquels les indices PMI d'activité de février, attendus ces prochains jours en zone euro et aux Etats-Unis, devraient être déterminants.

Plusieurs indices de confiance sont également à l'agenda en Europe, tout comme les prix à la consommation. L'inflation et les ventes au détail pour janvier sont attendus outre-Manche tandis que l'Allemagne publiera ses prix à la production pour ce même mois, le tout dans un contexte marqué par une certaine reprise depuis le début de l'année.

"Les données économiques résistent plutôt bien, aux Etats-Unis en particulier", constate Mme Dwek, et "les résultats d'entreprises sont plutôt bons". Ainsi l'élan constaté depuis fin 2019 pourrait connaître "une pause" mais ce virus "ne l'arrêtera pas", complète-t-elle.

En revanche, si l'épidémie de coronavirus devient non plus une question de semaines mais de mois, paralysant l'économie plus longtemps qu'anticipé, une correction de l'ordre de 4 à 5% n'est pas exclue, prévient M. Garabedian.

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