Starbucks a fait savoir qu'il utiliserait le produit de cette opération pour accélérer son programme de rachats d'actions et qu'elle aurait un effet relutif sur son bénéfice par action (BPA) d'ici 2021.

Nestlé anticipe de son côté une contribution positive d'ici 2019.

L'action Nestlé avance de 1,75% à 77,70 francs suisses à la Bourse de Zurich vers 13h20 GMT. Le titre Starbucks, de son côté, prend 1% à l'ouverture de Wall Street.

"Cette alliance globale dans le café apportera l'expérience Starbucks dans les foyers de millions d'autres personnes dans le monde grâce à la portée et à la réputation de Nestlé", a déclaré Kevin Johnson, le PDG de Starbucks, dans un communiqué.

Avec cette transaction, Nestlé espère séduire davantage la génération des "millenials" qui ont grandi avec la marque Starbucks et sont disposés à dépenser davantage pour consommer des produits plus exotiques ou plus sophistiqués susceptibles de dégager des marges plus élevées.

Dans le cadre du partenarait, quelque 500 employés de Starbucks rejoindront le groupe suisse.

Starbucks a annoncé que son programme de redistribution auprès de ses actionnaires, d'un montant d'environ 20 milliards de dollars, serait accéléré, que ce soit sous la forme de rachats d'actions et de versement de dividendes.

Les cafés Starbucks et les produits prêts à la consommation ne sont pas concernés pas cet accord, mais Nestlé pourra vendre des cafés Starbucks en capsules individuelles, comme il le fait actuellement avec Nespresso et Nescafé.

Le nom Nestlé n'apparaîtra pas sur les produits Starbucks. "Nous ne voulons pas que le consommateur pense que Starbucks fait désormais partie d'une famille plus grande", a déclaré une source proche de Nestlé.

Starbucks, dont la marque est très forte aux Etats-Unis, aura le dernier mot sur l'élargissement de sa gamme de produits.

Nestlé et Starbucks unissent leurs forces dans un contexte de fusions-acquisitions sur ce segment très fragmenté des boissons grand public.

JAB, holding familial de la richissime famille allemande Reimann, a alimenté la vague de consolidation en rachetant coup sur coup Douwe Egberts, Peet's Coffee & Tea et Keurig Green Mountain, autant d'opérations qui lui ont permis de réduire l'écart avec Nestlé.

NESTLÉ ENTEND SE RENFORCER AUX ETATS-UNIS

Selon une source au sein de Nestlé, le groupe suisse versera à Starbucks des redevances liées à l'évolution du marché.

Nestlé n'achètera aucun actif industriel dans le cadre de l'opération mais pourrait intervenir sur les marchés où le groupe américain n'est pas présent, a ajouté la source.

L'accord permettra à Nestlé de renforcer sa position aux Etats-Unis, où il ne se situe actuellement qu'à la cinquième place avec une part de marché inférieure à 5%. Starbucks est en première position avec une part de 14%, selon des données d'Euromonitor International.

"A l'échelle mondiale, Nestlé est de loin le numéro un mondial des boissons chaudes avec des ventes qui dépassent les ventes combinées de ses cinq principaux concurrents", note Matthew Barry, analyste d'Euromonitor International.

"La place de numéro un de Nestlé est cependant plus vulnérable qu'elle ne l'était autrefois."

D'autres grands acteurs se développent également, notamment l'italien Lavazza, qui est à présent le numéro trois mondial.

Le directeur général de Nestlé, Mark Schneider, a identifié l'année dernière le secteur du café comme une cible stratégique de développement, malgré un positionnement déjà solide avec Nescafé et Nespresso. L'initiative était également destinée à rassurer les actionnaires inquiets, notamment l'investisseur activiste Third Point, qu'il pouvait doper la performance du groupe.

Le géant de Vevey a racheté en novembre le groupe texan Cold-Brew et pris une participation majoritaire dans Blue Bottle Coffee, une chaîne américaine de cafétérias haut de gamme.

Pour Starbucks, cette opération intervient alors que le groupe a annoncé en avril une diminution de la fréquentation de ses points de vente.

Il est confronté à une concurrence de plus en plus féroce aux Etats-Unis, ce qui l'a décidé à engager une réorganisation de ses activités, notamment en cédant la marque de thés Tazo à Unilever pour 384 millions de dollars et en fermant son réseau de détail Teavana.

Il compte désormais ouvrir un millier de Starbucks Reserve et une série de boutiques spécialisées dans la torréfaction afin de lieux concurrencer ses concurrents haut de gamme, Intelligentsia Coffee & Tea et Blue Bottle par exemple.

(John Miller et Martinne Geller; Patrick Vignal, Nicolas Delame et Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)