Nestlé a lancé ce matin un premier signal stratégique fort dans sa quête de croissance, en annonçant un accord avec Starbucks, mais pas n’importe quel accord : une licence perpétuelle sur les produits de l’Américain, hors son réseau de salons de café en propre. Concrètement, le Suisse devient le distributeur des produits Starbucks en dehors du réseau actuel. Nestlé signe en échange un chèque de 7,15 milliards de dollars (près de 6 milliards d’euros) pour une activité qui représente environ 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. L’acquéreur, qui récupérera environ 500 employés mais aucun actif immobilisé, attend un effet positif sur son bénéfice par action et sur sa croissance organique d’ici 2020. La finalisation est prévue en fin d’année. L’activité acquise restera localisée à Seattle.
 

Les produits que Nestlé va distribuer (source : présentation Nestlé 7 mai 2018)

Le groupe de Vevey estime que cette opération va lui permettre d’accélérer en Amérique du Nord et de renforcer sa dynamique dans le reste du monde en proposant les produits Starbucks. Les deux entreprises ont prévu de travailler « en étroite collaboration sur l'innovation et les stratégies de commercialisation ». «Avec Starbucks, Nescafé et Nespresso, nous réunissons trois marques emblématiques du monde du café », s’est réjoui le CEO de Nestlé, Mark Schneider. Le programme de rachat d’actions en cours n’est pas remis en cause.
 

Trois marques majeures (source : présentation Nestlé 7 mai 2018)
Plutôt positif en première lecture

Andy Wood, qui suit le secteur chez Bernstein et qui ne fait pas relâche aujourd’hui malgré la fermeture de la City, voit plusieurs éléments positifs pour Nestlé. D’abord, un alignement clair avec la stratégie puisque la transaction porte sur l’un des segments les plus dynamiques du groupe, le café. Ensuite, la reprise d’une marque forte. Par ailleurs, le prix apparaît relativement raisonnable à Wood et la transaction sera positive sur le bénéfice par action et sur la croissance organique (quoique compte tenu de la taille de Nestlé, l’impact sera faible). Enfin, l’utilisation du cash semble pertinente, à l’heure où le bilan de Nestlé est sous-optimal. Au nombre des bémols, l’analyste cite l’historique faiblard de Nestlé sur l’intérêt de ses acquisitions ces quinze dernières années et le poids sur le ROIC, pas vraiment flamboyant non plus. Mais en première lecture, le représentant de Bernstein a une vision positive qu’il attend de confirmer avec la conférence de présentation.