Zurich (awp) - Le géant agro-alimentaire Nestlé publie jeudi ses résultats 2018. Pas moins de 16 analystes se sont prêtés au jeu des pronostics:.

2018E  
(en mio CHF)              consensus AWP    fourchette       2017A*   estimations

chiffre d'affaires           91'338     90'827 - 92'219    89'590       16
Ebit ajusté                  15'510     15'404 - 15'728    14'771       11
 - marge (en %)                17,0       16,9 - 17,2        16,5        6
bénéfice après minoritaires  11'541     11'271 - 11'771     7'156       10

(en CHF)
dividende/action               2,48       2,40 - 2,64        2,35       10

(en %)
croissance organique            3,0        3,0 - 3,1          2,4        9
croissance en volume (RIG)      2,4        2,3 - 2,5          1,6        7

*en partie révisé

FOCUS: analystes et investisseurs auront les yeux rivés sur la croissance organique, bien plus que sur l'évolution des ventes en francs suisses. Celle-ci est constituée de la croissance des volumes (dite "croissance réelle interne" ou RIG) et des ajustements de prix, et ne tient pas compte des effets d'acquisition et de change.

Après avoir enregistré en 2017 (+2,4%) sa pire performance depuis le début du millénaire, la croissance organique devrait s'être légèrement reprise en 2018. En octobre, la direction de Nestlé avait indiqué tabler sur une valeur de 3,0% pour 2018, contre 2,8% après neuf mois.

Dernièrement, la multinationale a connu des difficultés pour faire passer des hausses de prix. A la faiblesse de la croissance et de l'inflation dans plusieurs régions est venu s'ajouter un renforcement de la concurrence, le tout dans un contexte de marché difficile, qui fait la part belle aux produits sains, aux marques locales, au haut de gamme et au commerce en ligne.

La pression vient également du côté des investisseurs, dont plusieurs réclament un recentrage vers la rentabilité plutôt que la croissance. C'est le cas notamment du fonds activiste Third Point, aux mains de l'investisseur américain Daniel Loeb, détenteur depuis mi-2017 de près de 1,3% de Nestlé, qui reproche à la direction une stratégie "confuse" et propose la vente, la scission ou d'autres mesures de désinvestissement correspondant à 15% des recettes du groupe, afin de procéder notamment à des rachats d'actions.

Par voie de presse, le directeur général (CEO) Mark Schneider avait fait valoir que Nestlé avait connu le succès depuis des décennies avec sa vision à long terme. Le fait d'avoir formulé récemment des objectifs de rentabilité peut cependant être considéré comme une concession aux actionnaires récalcitrants.

OBJECTIFS: lors de la présentation des chiffres sur neuf mois, Nestlé avait indiqué viser une croissance organique de 3% pour l'ensemble de l'exercice (9 mois: 2,8%, T3: 2,9%). La marge opérationnelle ajustée devrait évoluer conformément aux objectifs 2020. Par ailleurs, la direction table sur une amélioration du bénéfice par action sous-jacent à taux de change constants ainsi que de l'efficience du capital. Pour l'année en cours, les analystes tablent sur une légère amélioration par rapport à 2018.

Pour ce qui est de la stratégie à plus long terme, la direction avait formulé pour la première fois lors de la journée des investisseurs en 2017 un objectif de marge, remplaçant le "modèle Nestlé" (croissance organique de 5-6%) qui avait prévalu pendant des années. A l'horizon 2020, la multinationale vise une marge Ebit ajustée de 17,5-18,5% (2017: 16,4%), et une croissance organique autour de 5%.

POUR MÉMOIRE:

M&A: en septembre dernier, Nestlé a annoncé examiner le futur de sa division Skin Health (soins de la peau), et, selon des sources proches des milieux financiers, envisagerait même de s'en défaire. L'examen de Skin Health, qui a généré en 2017 des recettes à hauteur de 2,7 milliards de francs suisses, devrait être terminé d'ici mi-2019.

Fin janvier, Reuters avait rapporté que la vente supputée avait mis en branle une série d'investisseurs potentiels, estimant ces activités à près de 7 milliards de francs suisses. Selon l'agence de presse, le processus de vente devrait débuter ces prochaines semaines, et les premières offres tomber début mars.

En 2018, Nestlé a réalisé deux grosses opérations: en mai le rachat pour un montant initial de 7 milliards de dollars de droits de distribution Starbucks - la plus importante transaction de l'histoire du groupe - et en septembre la vente de Gerber Life Insurance pour 1,55 milliard de dollars.

L'ORÉAL: le paquet de 23% détenu par Nestlé dans le groupe de cosmétiques français fait régulièrement l'objet de spéculations. En mars 2018, le pacte d'actionnaire conclu avec la famille Bettencourt était parvenu à échéance, six mois après le décès de l'héritière de l'empire L'Oréal et n'avait pas été reconduit. Nestlé avait affirmé il y a un an ne pas viser un relèvement de sa participation. Alors que nombre d'investisseurs appellent à la vente de cette participation, le groupe ne s'est encore jamais exprimé clairement à ce sujet.

RACHAT D'ACTIONS: jusqu'à mi-2020, Nestlé entend racheter jusqu'à 20 milliards de francs suisses de ses propres actions. Au 05 février, le groupe s'était porté acquéreur de 11,0 milliards.

COURS DE L'ACTION: depuis le début de l'année, la nominative Nestlé s'est enrobée de 8,4%, en phase avec l'indice vedette de la Bourse suisse (SMI +8,3%), évoluant dans une fourchette comprise entre 79,86 et 87,72 francs suisses.

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