Vevey (awp) - Le premier trimestre est généralement le plus faible de l'année pour Nestlé. Le géant de l'alimentaire ne devrait pas déroger à cette règle en 2017, au vu du ralentissement constaté lors des trois premiers mois de l'exercice en cours. La croissance s'est essoufflée et le chiffre d'affaires n'a que légèrement augmenté. Le groupe veveysan ne se départit pas de son optimisme et confirme les objectifs annuels.

Le ralentissement enregistré au premier trimestre ne constitue pas une surprise, le mastodonte vaudois ayant répondu aux attentes des analystes sollicités par AWP. La direction avait déjà annoncé l'abandon du "modèle Nestlé", impliquant une croissance annuelle de 5-6%.

Les recettes ont stagné en ce début d'année à 21,0 mrd CHF, soit une modeste progression de 0,4% sur un an, indique le groupe jeudi. Le chiffre d'affaires s'inscrit dans la fourchette basse des prévisions. Les taux de change et les cessions nettes ont influencé négativement les ventes de Nestlé à hauteur respective de 0,4% et 1,5%.

La comparaison s'avère plus délicate en ce qui concerne la progression des ventes hors effets uniques. Lors du premier partiel 2016, les ventes affichaient une croissance organique de 3,9% qui a chuté à 2,3% entre janvier et mars de cette année. Nestlé dépasse néanmoins le consensus.

La croissance interne réelle (RIG), qui permet de mesurer le niveau des volumes écoulés, s'est inscrite à 1,3%, contre 3,0% douze mois auparavant. Les analystes tablaient pour leur part sur une valeur moyenne de 1,2%.

L'ASIE EN VERVE, LE BRÉSIL EN BERNE

"Nous avons été encouragés par la croissance en Asie et le maintien des dépenses de consommation en Europe. La demande des consommateurs dans les Amériques est restée faible", indique le directeur général (CEO) Mark Schneider, cité dans le communiqué.

Les adaptations de prix se sont révélées modérées et des progrès ont été réalisés en termes de réduction de coûts.

La zone Amériques demeure la principale contributrice au chiffre d'affaires, avec un apport de 6,2 mrd en recul de quelque 3%. La croissance organique s'est révélée presque nulle (+0,4%), tandis que la croissance interne réelle affiche une piètre évolution, à -1,4%. L'adaptation des prix sur le continent s'est élevée à 1,8%. Le Brésil a connu un trimestre difficile avec des ventes de Pâques faibles et des conditions économiques fragiles.

La région Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord s'en sort mieux, avec une croissance de 1,7% aussi bien organique que pour l'indicateur RIG. Le groupe déplore une érosion des recettes dans cette zone, à 4,0 mrd CHF (-7,0%).

La plus forte croissance organique est toutefois à mettre au compte de la zone Asie, Océanie et Afrique subsaharienne, avec 4,5%. La croissance interne réelle s'est fixée à 3,0% et le chiffre d'affaires à 4,0 mrd (-2,6%). Le partenariat avec la société d'alimentation chinoise Yinlu a notamment pesé sur les activités dans l'Empire du Milieu, qui accusent une décroissance organique.

Les divisions Waters et Nutrition affichent des revenus stables. La première a connu une croissance organique de 3,1% et une RIG de 2,6%, pour des adaptations de prix de 0,5%. Pour la seconde, la progression organique des ventes s'est inscrite à 1,1% avec une RIG négatif de -0,4% et des adaptations de prix de 1,5%.

CROISSANCE entre 2%-4%

Dans les autres activités, le chiffre d'affaires a augmenté à 2,3 mrd contre 2,1 mrd précédemment et la croissance organique s'est élevée à 5,8%. Le système de capsules de café Nespresso a continué à monter en puissance en Amérique du Nord, précise le groupe.

Nestlé maintient son objectif de croissance organique entre 2% et 4% sur l'ensemble de l'année. Le groupe envisage une augmentation considérable des coûts de restructuration, selon le communiqué. La marge opérationnelle devrait rester stable à taux de change courants (TCC). Le bénéfice récurrent par action TCC et le rendement des fonds propres sont attendus en progression.

De nombreux analystes ont commenté la performance trimestrielle de la plus grande capitalisation de la Bourse suisse. La majorité s'accorde sur un point, à savoir que la copie rendue n'est pas enthousiasmante mais que Nestlé peut se prévaloir de circonstances atténuantes.

Baader Helvea remarque qu'il s'agit du pire trimestre de ces dix dernières années. Une reprise interviendra toutefois d'ici la fin de l'année. L'avis est partagé par Berenberg, pour qui le ralentissement s'explique par des fêtes de Pâques tardives et un effet de base.

Société Générale et Morgan Stanley soulignent la résilience du groupe en Chine malgré les difficultés. Vontobel parle d'une bonne entame d'année, mais guette avec impatience les résultats opérationnels.

A la Bourse, l'action Nestlé a fini en hausse de 0,53% à 75,60 CHF, dans un SMI en progression de 0,30%.

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