Le fabricant de la barre chocolatée du même nom, des M&M's et des Snickers a dit avoir revu sa stratégie en matière de cacao pour s'attaquer aux problèmes que le groupe et l'industrie dans son ensemble n'ont pas encore résolus.

"La chaîne d'approvisionnement du cacao, dans son fonctionnement actuel, est cassée", a déclaré à Reuters John Ament, vice-président mondial du cacao chez Mars Wrigley Confectionery, groupe qui n'est pas coté en Bourse.

"Il est temps de le reconnaître et de construire un nouveau modèle et une nouvelle approche qui placent le petit exploitant au centre du jeu."

L'approche actuelle de l'industrie du cacao en matière de développement durable a été vivement critiquée ces derniers mois car les initiatives disparates des uns et des autres mises en oeuvre depuis quelques années n'ont ni permis une amélioration notable des conditions de vie des agriculteurs ni empêché la poursuite de la détérioration de l'environnement.

Dans le cadre de son nouveau programme de développement durable, dont le coût est évalué à un milliard de dollars sur dix ans, Mars s'engage à ce que la totalité du cacao qu'il achète provienne de sources "responsables" d'ici 2025.

Pour le groupe, acheter de manière responsable induit un respect de critères qu'il a lui-même définis, dont une traçabilité de A à Z afin de s'assurer que la culture du cacao acheté n'a pas accentué la déforestation ou encore une certification par un vérificateur tiers.

Mars s'était déjà engagé par le passé à n'acheter plus que du cacao certifié d'ici 2020, mais la société dit vouloir à présent aller au-delà de ce seul engagement sur la certification, qui n'a pas eu l'effet escompté.

"La certification ne suffit pas", note John Ament. "Notre conviction est que nous devons adopter des normes plus strictes que les standards actuellement définis par la certification."

Cinquante pour cent du cacao que Mars achète actuellement a reçu la certification des organismes comme Rainforest Alliance et Fairtrade. Mars dit vouloir maintenir ce niveau de volume pour le moment tout en disant être prêt à l'accroître s'il constate une amélioration des normes.

La certification - conçue au départ pour permettre un développement des pratiques éthiques et de meilleurs revenus - est aujourd'hui décriée étant donné qu'elle n'a guère contribué à améliorer la vie des exploitants agricoles, les primes perçues dans le cadre de ce programme ayant pour la plupart été réduites.

HAUSSE DES PRIMES, REPÉRAGE DES FERMES PAR GPS

Dans le cadre de son nouveau programme, Mars travaille avec les certificateurs et les fournisseurs à une "révision" de son modèle de primes afin de s'assurer que celui-ci rémunère davantage le cacao provenant des sources responsables.

"Nous aurons à la fois une augmentation des primes globales et une plus grande part allouée aux agriculteurs", a promis John Ament.

Le nouveau programme aura également recours au GPS pour s'assurer que les approvisionnements de cacao ne proviennent pas des forêts protégées. Le bond de la production en Afrique de l'Ouest résulte en grande partie de l'exploitation de zones protégées.

Mars prévoit également de travailler avec des organismes de certification et des fournisseurs pour éradiquer le travail des enfants dans les plantations grâce à des programmes de surveillance et d'intervention communautaires.

Le groupe admet cependant que ces programmes, basés sur le volontariat, conjugués aux carences du système éducatif dans certains pays, constituent un défi. Mars entend néanmoins travailler avec les gouvernements pour doper les investissements dans les infrastructures et proposer aux différentes communautés une alternative au travail des enfants.

Les nouvelles mesures adoptées par Mars visent également à accroître la productivité, à aider les producteurs à diversifier leurs cultures et à améliorer leur accès au financement.

"Nous sommes convaincus que ces agriculteurs ont besoin d'une source de revenus plus large, ce qui leur permettra de disposer d'un modèle solide, avec des revenus tout au long de l'année au lieu d'être répartis sur seulement les deux principales saisons du cacao", a-t-il ajouté.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten)

par Mariana Ionova