Nexans (-3,3% à 52,28 euros), après avoir occupé l'une des premières places du SBF 120 en début de séance, creuse ses pertes cet après-midi. Le groupe a tenu ce matin une réunion investisseurs au cours de laquelle il a dévoilé son plan stratégique 2018-2022 : si ce dernier a suscité une première réaction positive, il contient un élément qui, après réflexion, n'est visiblement pas du goût des investisseurs.

Le groupe a donc pour ambition d'accroître ses revenus de 25% à l'horizon 2022 sur la base de son périmètre actuel d'activités. Dans le même temps, son Ebitda devrait augmenter d'environ 50 % pour atteindre environ 600 millions d'euros et son ROCE (rentabilité des capitaux employés) est attendu au-dessus de 15 %.

La première chose qui semble surprenante est l'amplitude temporelle de ce plan qui couvre la période 2018-2022 alors que la plupart des estimations portent, au mieux, sur la période 2018-2020.

"Il n'y a aucun consensus pour 2022 mais, selon nos propres estimations, l'objectif de chiffre d'affaires nous semble en ligne avec les attentes et la cible d'Ebitda est légèrement supérieur, d'environ 5%", résume ainsi Morgan Stanley. Pour l'analyste, la récente hausse du titre Nexans (qui gagne 7% depuis le début de l'année et même 14% depuis fin août) intègre largement les perspectives d'une amélioration des résultats.

Récemment, Natixis se risquait à délivrer une prévision de croissance annuelle de 3,2% sur la période 2017/2020 et à une prolongation de l'amélioration de la rentabilité de Nexans. Pour sa part, le câblier français prévoit d'atteindre son objectif de croissance en deux phases : la croissance annuelle devrait atteindre 3% sur la période 2018-2019 avant d'accélérer à 6% entre 2020 et 2022. En 2016, Nexans a enregistré un repli organique de son activité de 1,2%.

Nexans prêt à faire repartir son endettement à la hausse

L'autre point pouvant expliquer l'ajustement à la baisse du titre cet après-midi est le changement de paradigme que contient la stratégie 2022 en termes d'endettement. En effet, la réduction de la dette du groupe a été l'un des points clés du précédent plan qui s'est traduit par un net redressement des résultats du groupe.

Dans sa présentation, Nexans a indiqué qu'il était prêt à faire passer son ratio d'endettement de moins de 1 actuellement à 1,5 voire 2 pour réaliser des acquisitions. Il veut être prêt à saisir des options de croissance externe pour des revenus supplémentaires de 1,5 à 2 milliards d'euros, tout en maintenant un bilan sain.

Les investisseurs ont donc besoin eux aussi de tourner la page du redressement pour intégrer la nouvelle donne du cas Nexans. Pour l'heure, l'accent que le groupe continue à mettre sur l'amélioration de sa compétitivité et les réductions de ses coûts ne suffit pas à les rassurer entièrement face à ce nouveau chapitre qui s'ouvre.