(Actualisation: réaction du marché, commentaires d'analystes, précisions et commentaires du directeur général sur l'Ebitda et la croissance organique prévus dans le plan stratégique)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le fabricant de câbles Nexans plonge en Bourse vendredi, après avoir réduit une nouvelle fois ses objectifs 2018 et présenté des modifications substantielles de son plan stratégique à moyen terme.

Vers 13h45, le titre abandonnait 14%, à 23,06 euros, accusant la deuxième plus forte baisse du SBF 120. Nexans a abaissé vendredi son objectif d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) pour 2018 de 350 à 325 millions d'euros, soit 5% de moins que ce qu'anticipait le consensus, relève Goldman Sachs. La déception du marché est également due à la prévision d'Ebitda de la société pour 2019, soit 350 à 390 millions d'euros, alors que le consensus se situait jusqu'à présent à 391 millions d'euros, note Morgan Stanley.

Au troisième trimestre, le chiffre d'affaires de Nexans s'est élevé à 1,613 milliard d'euros, contre 1,544 milliard d'euros sur la même période de 2017. A cours des métaux constants, les revenus du groupe se sont établis à 1,108 milliard d'euros, traduisant une croissance organique de 1,9%. Sur neuf mois, le chiffre d'affaire du groupe s'inscrit à 4,9 milliards d'euros et 3,31 milliard d'euros à cours des métaux constants, soit une baisse organique de 0,5%.

"Ce trimestre, qui montre une croissance importante des ventes de câbles ne se traduisant pas dans la marge, nous paraît emblématique des difficultés actuelles du groupe", a jugé Christopher Guérin, le nouveau directeur général du groupe, qui avait remplacé en juillet Arnaud Poupart-Lafarge.

Un "New Deal" pour Nexans

Outre la publication de ses résultats trimestriels, le fabricant de câbles a présenté un plan de transformation qui "s'orientera davantage vers la croissance sélective que la croissance absolue, l'amélioration de notre compétitivité, ainsi que notre retour sur capitaux employés et la génération de trésorerie", a déclaré dans un communiqué Christopher Guérin. "Il s'agit d'un 'New Deal' destiné à refonder la crédibilité et la résilience du groupe", a également déclaré le dirigeant lors d'une conférence téléphonique.

Cette transformation revient à modifier sensiblement le plan stratégique présenté il y a moins d'un an. Christopher Guérin a raccourci l'horizon du plan en donnant des objectifs d'ici à 2021 et non plus 2022 comme précédemment, tout en étant plus ambitieux en matière de rentabilité. Nexans vise désormais une rentabilité des capitaux employés (ROCE) de 15,5% d'ici à 2021, et non plus de 15% à l'horizon 2022. L'objectif d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) est désormais de 500 millions d'euros d'ici à 2021, au lieu de 600 millions d'euros à l'horizon 2022. Nexans entend par ailleurs dégager un flux de trésorerie disponible avant fusions et acquisitions supérieur à 200 millions d'euros en cumulé sur la période 2018-2021.

Nexans ne fait plus mention de sa volonté d'accroître ses revenus de 25% d'ici à 2022 comme le mentionnait le plan stratégique présenté en décembre 2017. De même, le groupe ne fait plus référence aux "opportunités de croissance externe" qui devaient être saisies pour ajouter 1,5 à 2 milliards d'euros de revenus supplémentaires. "Nous sommes toujours à l'écoute [d'acquisitions, ndlr] mais pour l'instant nous restons orientés à 100% sur la transformation interne du groupe", a précisé Christopher Guérin pendant la conférence téléphonique.

Simplification de l'organisation

Pour parvenir à ses nouveaux objectifs, Nexans a indiqué que sa direction se concentrerait sur la refonte et la simplification de son modèle opérationnel et de son organisation. "Progressivement, l'accent sera mis sur le repositionnement des activités", a expliqué Nexans. La société entend passer d'une logique de hausse des volumes à une logique "d'accroissement de la valeur".

En ce sens, le fabricant de câbles estime qu'à l'heure actuelle 50% de son activité peut être gérée dans une optique de croissance. Nexans entend ainsi transformer les 50% restants pour "libérer le potentiel de création de valeur". Christopher Guérin a indiqué que ce constat avait été dressé à l'issue de tests de résistance menés cet été. Les 50% d'activités à redresser concernent notamment les régions Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie, ainsi que la haute tension terrestre sur l'ensemble des géographies. Christopher Guérin a précisé "qu'aucun désinvestissement ne ser[ait] opéré" avant que le groupe ne soit sûr de redresser l'activité en question.

Nexans a indiqué également vouloir appliquer aux divisions les moins performantes une méthodologie développée en interne et baptisée "SHIFT", inspirée du capital-investissement, qui lui avait déjà permis de redresser les régions Europe et Moyen-Orient Afrique. "Le diagnostic a d'ores et déjà été posé et SHIFT est aujourd'hui déployé dans les unités peu performantes", a expliqué la société.

Des réductions de coûts pour combattre l'effet ciseaux

Un plan de réduction des coûts de 210 millions d'euros d'ici à 2021 va également être mis en place, a indiqué Christopher Guérin, afin de compenser "l'effet ciseaux" induit par la hausse des coûts des matières premières et de la main-d'oeuvre d'une part, et par les pressions sur les prix d'autre part. Ce plan de réduction des coûts sera détaillé au premier semestre 2019.

Outre ces 210 millions d'euros d'économies, Nexans compte générer 100 millions d'euros d'Ebitda supplémentaire à l'horizon 2021 grâce à son plan de transformation des activités les moins performantes, a indiqué Christopher Guérin. Par ailleurs, 55 millions d'euros d'Ebitda proviendront de la croissance organique et des initiatives prises pour l'accélérer.

Nexans table sur une croissance organique annuelle moyenne de 3% sur la période 2019-2021, contre 5% dans le précédent plan, rappelle Oddo BHF. Christopher Guérin a convenu que ce chiffre pouvait paraître "prudent". Mais il a aussi indiqué qu'il ne souhaitait pas que les 50% d'activités les moins performantes croissent. Ce qui implique que l'autre moitié des activités devra connaître une croissance organique d'au moins 6%, a-t-il ajouté.

Dans une note, Morgan Stanley estime que "la véritable question" est désormais de savoir si "ce nouvel ajustement [stratégique, NDLR] donnera confiance dans l'entreprise et dans sa capacité à répondre de nouveau aux attentes".

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed : LBO

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