Vers 11h05 GMT, STMicroelectronics abandonne 7,89% à Paris, l'allemand Infineon recule de 4,71%, l'autrichien AMS perd 9,35% à Zurich et le néerlandais AMSL lâche 3,87%.

L'indice Stoxx de la technologie recule de 2,52%, de loin la plus forte baisse sectorielle en Europe.

Citant des personnes au fait du dossier, le quotidien économique japonais Nikkei a rapporté que le fabricant allemand de puces Infineon avait décidé de suspendre ses livraisons à Huawei à la suite du décret américain interdisant aux entreprises basées aux Etats-Unis d'utiliser du matériel de télécommunications fabriqué par des entreprises présentant un risque pour la sécurité nationale.

Ce décret revient à interdire aux groupes américains de faire affaire avec le chinois Huawei Technologies, une mesure qui intervient dans un contexte de guerre commerciale entre Washington et Pékin.

Le Nikkei ajoute que STMicroelectronics maintient pour sa part ses livraisons mais prévoit des réunions sur le sujet cette semaine.

Infineon a démenti cette information tandis que STMicroelectronics n'a pas souhaité faire de commentaire.

CRAINTE DE MESURES DE RÉTORSION CHINOISES

A Wall Street, les contrats à terme sur l'indice Nasdaq, à forte composante technologique, signalent une ouverture en repli de plus de 1%.

En avant-Bourse, Intel perd 2,1%, Qualcomm 3,9%, Xilinx 4% et Broadcom 2,4%.

Selon l'agence Bloomberg, ces fabricants ont informé leurs employés qu'ils cessaient de fournir des composants et des logiciels sensibles à Huawei.

Une source informée a par ailleurs indiqué à Reuters que Google, filiale d'Alphabet, ne fournirait plus de logiciels, de matériel et de services techniques à Huawei, à l'exception des services disponibles en "open source".

Un porte-parole de Google a annoncé dans la foulée, sans entrer dans les détails, que l'entreprise "se conformait à l'ordre et examinait les conséquences".

Cette information a pesé sur les fournisseurs asiatiques de Huawei, à l'instar de Shenanigan Circuits (-9,76%), de Tung Photoelectric Technology (-5,21%) ou encore de Sunny Optical Technology (-4,99%).

"Le marché redoute que les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine s'enveniment avec des mesures de rétorsion de la Chine sur des groupes américains, notamment sur Apple", indique Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché chez IG.

"Il y a aussi en toile de fond la question du ralentissement économique qui pourrait peser sur le niveau de la demande des semi-conducteurs".

Les déboires de Huawei profitent en revanche aux équipementiers télécoms européens concurrents, comme Nokia (+1,65%) et Ericsson (+0,68%).

(Blandine Hénault, avec Luoyan Liu à Shanghai, édité par Véronique Tison et Marc Angrand)