Tokyo (awp/afp) - Les prix à la consommation (hors produits frais) au Japon ont augmenté de 0,8% en mai sur un an, moins qu'en avril, s'éloignant ainsi légèrement de la cible de 2% visée par les autorités depuis des années, en vain.

Certes, c'est le 29e mois de hausse d'affilée en comparaison annuelle et c'est mieux que ne le prévoyaient les spécialistes interrogés par le groupe économique Nikkei (ils tablaient sur +0,7%), mais cette inflation reste bloquée au-dessous de 1%.

Qui plus est, si on exclut l'évolution des prix de l'énergie en plus de celle des produits frais, la hausse des étiquettes a plafonné en mai à +0,5%, ce qui signifie que l'inflation constatée est influencée par les coûts d'importation du pétrole, du gaz naturel et de leurs dérivés.

Or, ce que la banque centrale nippone souhaite, c'est une inflation intrinsèque découlant d'une demande qui excède l'offre et tire ainsi naturellement les prix vers le haut selon les lois du marchés.

Las, l'institution s'escrime, surtout depuis 2013, à mettre en oeuvre des dispositions dans ce but, tentant d'inciter davantage les consommateurs à acheter et les banques à leur prêter des fonds. Mais cela n'a pour le moment pas suffi à vaincre une anxiété pour l'avenir qui pousse à économiser et reporter les dépenses dans l'espoir de prix meilleurs.

Du côté de l'offre, surabondante, une guerre des prix existe dans plusieurs domaines, une stratégie pour attirer les clients qui va à l'encontre des souhaits des autorités.

Bilan, la Banque du Japon ne se fait guère d'illusion quant à l'échéance à laquelle elle pourra enfin crier victoire: ce ne sera pas avant longtemps.

Jeudi encore, son comité monétaire a souligné que les prix augmentaient pour le moment "à un rythme qui se situe dans une fourchette de +0,5 à +1,0%". Il a répété que, par conséquent, la politique ultra-accommodante actuelle se poursuivrait "aussi longtemps que nécessaire" pour atteindre et entretenir durablement l'objectif de 2%.

La BoJ va devoir en outre affronter une difficulté supplémentaire: les répercussions sur le moral des citoyens de la hausse programmée le 1er octobre de la taxe sur la consommation, sorte de TVA japonaise qui passera de 8% actuellement à 10%. Les Nippons sont allergiques à cet impôt indirect et, à chaque fois qu'il a été augmenté, cela s'est traduit par un coup de déprime économique.

Qui plus est, même si la banque s'est appliquée jeudi à brosser un portrait somme toute positif de la situation économique du Japon, elle est obligée de reconnaître que la politique américaine (en matière de commerce notamment) faisait peser des risques et que le moral des consommateurs et entreprises du Japon pourrait en souffrir.

Et comme les banques centrales américaine et européenne sont prêtes à faire un geste d'assouplissement dans les prochains mois, la BoJ est forcée de réfléchir aussi aux mesures nouvelles qu'elle pourrait appliquer, même si ses marges de manoeuvre apparaissent plus étroites.

afp/al