Tokyo (awp/afp) - Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a bien reculé de 0,2% sur la période de janvier à mars 2018, après huit trimestres de croissance d'affilée, selon des données révisées publiées vendredi par le gouvernement.

La troisième économie du monde, au dynamisme ralenti par un inquiétant déclin démographique, voit ainsi s'achever une série d'une longueur inédite depuis la fin des années 1980.

Les économistes espéraient une petite révision en hausse des chiffres préliminaires annoncés mi-mai: ils tablaient ainsi sur un repli de 0,1% par rapport au trimestre précédent.

Mais, si les investissements des entreprises ont été plus solides qu'initialement estimé (+0,3%, au lieu d'une baisse de 0,1%), la consommation des ménages a elle enregistré un recul (au lieu d'une stagnation). Les exportations sont restées robustes (+0,6%).

Cette contraction de l'économie japonaise intervient alors que le rythme de croissance s'était essoufflé au fil des trimestres, avec une hausse de 0,7% début 2017, puis de 0,5% aux deuxième et troisième trimestres et enfin de seulement 0,3% en fin d'année dernière (et non de 0,1% comme indiqué précédemment).

En rythme annualisé, c'est-à-dire si l'évolution du premier trimestre se poursuivait sur une année entière, le PIB ressort en déclin de 0,6%.

Inflation désespérément faible

Si c'est un revers pour le Premier ministre Shinzo Abe et sa stratégie de relance "abenomics", il n'est que temporaire, pronostiquent les analystes.

"Nous pensons qu'il s'agit d'une pause, et que cela ne signale pas le début de difficultés pour l'économie", a commenté Yuki Masujima, de Bloomberg Economics, saluant notamment la révision positive des investissements des sociétés.

Un rebond est attendu sur le reste de l'année, porté par le commerce extérieur, tandis que la consommation des ménages devrait rester morose. Sur le seul mois d'avril, elle a décliné de 1,3% sur un an, selon une statistique diffusée mardi.

"La demande extérieure demeure dynamique, ce qui suggère que les exportations vont continuer à bien se porter", a estimé Capital Economics dans une note. "Cependant, au vu de la faiblesse de l'activité observée en début d'année il sera difficile d'éviter un ralentissement", ajoute le cabinet d'études qui anticipe une croissance de 1,2% en 2018, après 1,7% en 2017.

"L'économie rencontre en outre des problèmes de capacité. Le marché du travail n'a jamais été aussi tendu depuis au moins deux décennies et certaines compagnies ont les plus grandes difficultés à recruter du personnel", avertit-il.

Malgré cette pénurie de main-d'oeuvre, les entreprises rechignent à augmenter les salaires de manière significative et les Japonais se montrent frileux dans leurs dépenses, face à un avenir assombri par l'ultra-vieillissement de la population.

Dans ce contexte, l'inflation reste faible, en deçà de l'objectif de 2% de la banque centrale du Japon. A l'occasion de sa réunion prévue la semaine prochaine, la BoJ va se pencher sur les raisons de cette apathie et pourrait abaisser une nouvelle fois ses prévisions pour l'exercice en cours, a rapporté le quotidien des affaires Nikkei vendredi.

afp/al