Le constructeur américain est en train de mettre en oeuvre des mesures d'économies sur plusieurs marchés pour y renouer avec la rentabilité et il a prévenu à plusieurs reprises le gouvernement britannique que le libre-échange devrait être maintenu avec l'Union européenne après le Brexit, dont les termes restent flous.

Ford va mettre fin en février à sa production de moteurs à essence de 1,5 l tandis qu'un contrat de fourniture de Jaguar Land Rover expirera en 2020, a précisé le constructeur américain.

"L'évolution de la demande des clients et les désavantages en termes de coûts, ainsi que l'absence de modèles de moteurs supplémentaires pour Bridgend, font que le site ne sera plus viable économiquement dans les années à venir", estime le président de Ford Europe, Stuart Rowley.

Environ 20% des 2,7 millions de moteurs automobiles construits en Grande-Bretagne l'an dernier sont sortis de l'usine de Bridgend, à l'ouest de Cardiff.

Ford exploite deux usines de moteurs en Grande-Bretagne, destinés à être exportés entre autres vers des sites d'assemblage en Allemagne, en Turquie et aux Etats-Unis. Elles pourraient faire face à des coûts supplémentaires en cas d'une sortie sans accord de la Grande-Bretagne de l'Union européenne.

UNITE APPELLE À LA MOBILISATION

Unite, le plus grand syndicat britannique, a appelé à se mobiliser contre cette décision.

"Nous résisterons de toutes nos forces à cette fermeture et demanderons aux gouvernements de l'Assemblée galloise et de Westminster de se joindre à nous pour sauver cette usine", a déclaré son président Len McCluskey.

Le secteur automobile britannique, florissant il y a quelques années grâce aux constructeurs étrangers, souffre particulièrement des incertitudes liées au Brexit et est confronté à une baisse des ventes, de la production et des investissements.

En janvier, Ford avait dit son intention de supprimer des milliers d'emplois, éventuellement de fermer des usines et d'arrêter la production de véhicules non rentables dans le cadre du redressement de ses activités en Europe, où il veut atteindre une marge opérationnelle de 6%.

Mi-mars, il a annoncé son intention à la fois de supprimer plus de 5.000 emplois en Allemagne et de réduire ses effectifs en Grande-Bretagne, via notamment des plans de départs volontaires.

Les salariés demandent depuis longtemps que Bridgend produise une technologie hybride et des composants de véhicules électriques aux côtés d’un nouveau fabricant tiers afin d'exploiter la totalité du site, mais aucun investissement de ce type n'a été annoncé.

"Des efforts importants pour identifier de nouvelles opportunités n'ont pas porté leurs fruits", a déclaré Ford.

L'annonce de la fermeture de l'usine de Bridgend intervient après des décisions similaires d'autres constructeurs automobiles.

En février, Honda a annoncé qu'il allait fermer son unique usine britannique en 2021 tandis que Nissan a décidé de ne pas construire son nouveau SUV X-Trail au Royaume-Uni.

En janvier, Jaguar Land Rover (JLR), premier constructeur automobile britannique, a annoncé qu'il réduirait d'environ 10% ses effectifs, essentiellement en Grande-Bretagne, pour faire face au ralentissement du marché en Chine et au plongeon de la demande pour les véhicules diesel.

(Benoit Van Overstraeten, Dominique Rodriguez et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Costas Pitas