Une amélioration des résultats de Nissan renforcerait la position du constructeur japonais dans les discussions avec Renault en vue d'un rééquilibrage de leur alliance et elle serait aussi bénéfique au groupe au losange, qui détient 43,4% de Nissan.

Le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, qui a admis avoir bénéficié de primes indues, démissionnera le 16 septembre. Le deuxième constructeur automobile japonais souhaite lui trouver un successeur d'ici fin octobre.

Pour celui ou celle qui sera désigné, la priorité absolue ira au redressement du bénéfice du groupe, tombé à un creux de plus de dix ans en raison notamment d'une politique de rabais massifs qui a fini par peser sur ses marges et dégrader son image de marque. L'action Nissan est en repli de 20% depuis le début de cette année.

Renault, qui a tenté en vain de fusionner avec son partenaire de longue date, accordera sans doute du temps à Nissan pour se concentrer sur son redressement, a déclaré un dirigeant du groupe japonais.

"Bien entendu, le redressement est la plus importante des priorités", a-t-il dit, ajoutant que Renault comprenait cela.

"La rentabilité devrait rester sous pression et il est peu probable que Nissan parvienne rapidement à un accord avec Renault sur la forme future de leur alliance", écrivent pour leur part les analystes de Standard & Poor's.

TENSIONS

Les tensions entre Renault et Nissan ont été ravivées par l'arrestation à Tokyo en novembre de Carlos Ghosn, l'architecte de l'alliance, pour des accusations de malversation financières qu'il dément.

Avant cette arrestation, les dirigeants de Nissan jugeaient déjà déséquilibré le partenariat avec Renault car Nissan, sauvé de la faillite en 1999 par le constructeur français, ne détient que 15% du capital du groupe au losange sans droits de vote. En outre, l'Etat français, avec une participation de 15% dans Renault, est de facto aussi actionnaire indirect de Nissan.

Ces tensions se sont aggravées quand Renault a tenté en vain en mai de fusionner avec Fiat Chrysler.

Thierry Bolloré, directeur général de Renault, a cependant déclaré mardi que le projet de fusion avec Fiat appartenait au passé et que le redressement de son partenaire japonais était la priorité pour lui et l'alliance.

"Il est également dans l'intérêt du gouvernement français que Nissan améliore ses résultats financiers", a déclaré Janet Lewis, analyste chez Macquarie Securities.

"Le cours de l'action Renault bénéficiera davantage d'un Nissan en bonne santé que de tout type d'accord de fusion."

Le redressement de Nissan passe par une amélioration des marges aux Etats-Unis.

Le groupe va aussi supprimer 12.500 emplois à travers le monde d'ici la fin de son exercice 2022-2023, réduire ses capacités de production et sa gamme de produits d'environ 10%.

(avec Norihiko Shirouzu; Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Naomi Tajitsu

Valeurs citées dans l'article : Renault, Nissan Motor Co Ltd, Fiat Chrysler Automobiles