TOKYO (Agefi-Dow Jones)--Si Carlos Ghosn est traité comme un gardé à vue classique au Japon, le dirigeant devrait passer les prochaines semaines en cellule à Tokyo et être interrogé quotidiennement par les enquêteurs sans la présence d'un avocat.

Soupçonné d'avoir dissimulé une partie de ses revenus, Carlos Ghosn, le président de Nissan et le PDG de Renault, a été arrêté lundi à Tokyo. Il n'a pas pu être joint pour un commentaire.

Selon la loi japonaise, au bout de deux ou trois jours après l'arrestation d'un suspect, une prolongation de la garde à vue allant jusqu'à 20 jours peut être demandée à un juge, qui l'accorde généralement. Pendant cette période, le suspect ne peut pas demander de remise en liberté sous caution.

Carlos Ghosn pourrait être détenu encore plus longtemps si le parquet portait de nouvelles accusations contre lui, ce qui remettrait le compteur à zéro. Lundi, Nissan a annoncé avoir découvert "de nombreuses autres fautes graves" qu'aurait commises Carlos Ghosn, en plus de la sous-évaluation de ses revenus dans les déclarations de l'entreprise aux autorités. La seule accusation portée jusqu'ici contre Carlos Ghosn par le parquet est celle d'avoir fait déclarer par Nissan des revenus inférieurs à ceux réellement perçus par le dirigeant.

Carlos Ghosn n'a pas encoré été inculpé. Si cela se produit, il pourra demander sa remise en liberté sous caution dans l'attente de son procès. Mais selon Fumiyuki Takano, avocat du cabinet Adire Legal Professional, Carlos Ghosn pourrait avoir du mal à obtenir sa remise en liberté car le parquet pourrait invoquer le risque qu'il se concerte avec les personnes soupçonnées de l'avoir aidé.

Carlos Ghosn est soupçonné par le parquet d'avoir enfreint une loi japonaise sur les instruments financiers qui prévoit, en cas de culpabilité, une peine allant jusqu'à 10 ans de prison et une amende d'un montant maximum de 10 millions de yens (78.000 euros).

Si Carlos Ghosn est jugé coupable, il ne pourra pas échapper à une peine de prison, d'après Tsutomu Nakamura, un ancien juge qui travaille maintenant dans un cabinet d'avocats. "Cette affaire est plus fâcheuse qu'un cas de fraude comptable dans lequel les entreprises manipulent leurs résultats financiers, car il a tiré un bénéfice personnel de la sous-évaluation de ses revenus", a expliqué Tsutomu Nakamura au sujet des actes imputés à Carlos Ghosn.

-Megumi Fujikawa, The Wall Street Journal

(Version française Lydie Boucher) ed : ECH

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