(Répétition pour mot "fois" manquant paragraphe 1)

* Vidéo enregistrée avant la nouvelle arrestation de Ghosn

* Il accuse d'anciens collègues dont il ne cite pas les noms

* L'idée de rapprocher Nissan et Renault n'a pas plu, dit-il

par Naomi Tajitsu et Tim Kelly

TOKYO, 9 avril (Reuters) - Carlos Ghosn, l'ancien patron déchu de Renault et Nissan, se dit une nouvelle fois innocent et victime d'un complot dans une vidéo enregistrée avant sa nouvelle arrestation la semaine dernière et diffusée par ses avocats mardi.

Les autorités judiciaires japonaises ont pris la décision très inhabituelle de ré-arrêter Carlos Ghosn sur de nouvelles accusations d'enrichissement personnel sur le dos de Nissan pour un montant de l'ordre de 4,5 millions d'euros. Carlo Ghosn était à ce moment-là en liberté sous caution pour 30 jours. C'est alors qu'il a enregistré la vidéo diffusée mardi.

Il s'y dit victime de rivaux égoïstes déterminés à faire capoter un renforcement de l'alliance entre les deux constructeurs automobiles.

Il avait dans un premier temps cité certaines personnes par leur nom dans la vidéo mais ces références ont été supprimées au montage pour des raisons juridiques, a déclaré aux journalistes son avocat principal, Junichiro Hironaka.

La vidéo, mais aussi l'avocat quand il évoque un traitement très dur à l'encontre de Carlos Ghosn et de son épouse, Carole, présentent l'ex-patron vedette comme la victime à la fois de concurrents en interne et du système judiciaire japonais.

"Il s'agit d'un complot. Il ne s'agit pas de cupidité ou de dictature, mais d'un complot, c'est un complot, c'est d'un coup de poignard dans le dos", déclare Carlos Ghosn dans la vidéo.

Il porte une veste noire et une chemise blanche. Ses mains sont croisées devant lui. Le visage amaigri, il regarde la caméra en face et parle d'une manière saccadée. Ses cheveux semblent plus gris qu'avant son arrestation l'an dernier.

Il y a eu complot, dit-il, parce que certains ont eu peur que lui, Carlos Ghosn, ne rapproche plus étroitement encore Nissan de son principal actionnaire, Renault.

"On craignait que la prochaine étape de l'alliance en termes de convergence et d'orientation vers une fusion ne menace, d'une certaine manière, certaines personnes, voire à terme, l'autonomie de Nissan", déclare-t-il.

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Lors du point presse devant les journalistes, l'avocat a déclaré que les procureurs agissaient de manière "cruelle" et soumettaient son client à une pression physique et mentale intense pour obtenir des aveux.

Junichiro Hironaka avait précédemment critiqué la décision des procureurs de confisquer les biens de Carlos Ghosn, et notamment son téléphone portable et des documents pour le procès, ainsi que les téléphones portables et le passeport libanais de sa femme, Carole. Celle-ci était présente quand les procureurs sont entrés à leur domicile jeudi dernier.

L'avocat a déclaré mardi que Carole Ghosn avait quitté le Japon la semaine dernière parce qu'elle s'inquiétait pour sa sécurité et qu'elle avait l'intention de protester auprès du gouvernement français.

La France a appelé le Japon à respecter la présomption d'innocence et les droits de Carlos Ghosn.

Cette position a été réaffirmée mardi matin par le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.

"Comme n'importe quel autre justiciable, il a droit à la présomption d'innocence", a-t-il dit sur franceinfo, tout en se refusant à commenter les méthodes de la justice japonaise.

Interrogé sur l'appel à l'aide lancé par Carole Ghosn au président Emmanuel Macron pour faire sortir son mari de prison, Bruno Le Maire a répondu : "Je ne suis pas certain que les interventions politiques soient la meilleure manière de défendre les intérêts de M. Ghosn".

Au Japon, la garde-à-vue peut durer 22 jours et les suspects peuvent être interrogés sans leurs avocats.

Carlos Ghosn est accusé de ne pas avoir déclaré la totalité de son salaire chez Nissan pendant une décennie et d'avoir temporairement transféré des pertes financières personnelles dans les comptes de Nissan.

Cependant, la nouvelle accusation de 4,5 millions d'euros pourrait être plus grave car elle pourrait montrer qu'il a utilisé les fonds de la société à des fins personnelles.

Carlos Ghosn a été révoqué lundi du conseil d'administration de Nissan, rompant ainsi ses derniers liens avec une entreprise qu'il a sauvé de la quasi-faillite il y a 20 ans.

Dans une interview à TF1 et LCI, Carlos Ghosn s'était déjà déclaré innocent. (Danielle Rouquié pour le service français, avec Yann Le Guernigou à Paris)

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor Co Ltd, Renault