Près d'un an après l'arrestation de son ancien président pour des accusations de malversations financières que ce dernier rejette, le constructeur japonais reste fragilisé par ce scandale qui a exacerbé les tensions avec son partenaire d'alliance et premier actionnaire, Renault.

Ces problèmes de gouvernance s'ajoutent à des résultats financiers en berne depuis près de deux ans, sur fond de contraction des ventes.

Nissan a ainsi vu son bénéfice chuter à 30 milliards de yens (249 millions d'euros) au deuxième trimestre de son exercice qui s'achèvera en mars 2020, contre 101,2 milliards un an plus tôt. Les analystes interrogés par Refinitiv attendaient en moyenne un profit de 47,48 milliards de yens.

Il s'agit de sa pire performance depuis 15 ans sur un deuxième trimestre.

Ses ventes ont diminué de 7,5% à 1,27 million de véhicules au cours de ces trois mois, avec notamment des contractions de 2,5% en Chine, son principal marché, et de 4,5% aux Etats-Unis.

Le titre Renault perdait 0,43% à 45,965 euros en milieu de journée à la Bourse de Paris, où le CAC 40 gagnait 0,28% au même moment. Il a touché dans la matinée un plus bas depuis avril 2013, à 44,61 euros.

VERS LE PLUS MAUVAIS RÉSULTAT EN 11 ANS

"Le bénéfice d'exploitation au premier semestre n'est pas conforme à notre objectif" de profit annuel, a dit Stephen Ma, vice-président et futur directeur financier de Nissan, à la presse.

"Nous réexaminons l'ensemble de nos hypothèses et (...) c'est pourquoi nous révisons à la baisse nos prévisions de volumes de ventes pour l'ensemble de l'année", a-t-il ajouté.

Nissan s'attend désormais à écouler 5,2 millions de véhicules sur l'exercice, contre un objectif précédent de 5,5 millions.

Il a réduit de 35% sa prévision de bénéfice d'exploitation annuel à 150 milliards de yens, ce qui serait son plus mauvais résultat en 11 ans.

Pour tenter de se relancer, le constructeur a nommé une équipe de direction rajeunie, qui, emmenée par Makoto Uchida, le patron de ses activités en Chine, prendra ses fonctions le 1er décembre.

Une assemblée générale extraordinaire sera organisée le 18 février 2020 pour que les actionnaires valident l'entrée de certains de ces nouveaux dirigeants au conseil d'administration, que devraient en revanche quitter l'ancien directeur général Hiroto Saikawa, son successeur par intérim Yasuhiro Yamauchi et l'ancien directeur général de Renault Thierry Bolloré.

Tournant le dos à la stratégie d'expansion de Carlos Ghosn, Nissan a aussi décidé de se séparer de près d'un salarié sur 10 et de réduire sa production de 10% d'ici 2023.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Guillaume)

par Naomi Tajitsu