Renault a été informé cette semaine par un représentant de Nissan que "Saikawa n'était pas en mesure de venir à Amsterdam à cause de l'investigation judiciaire japonaise", a dit une des sources.

Les hauts dirigeants de l'alliance se sont rencontrés au siège néerlandais de la structure Renault Nissan BV le 29 novembre, dix jours après l'arrestation surprise du PDG Carlos Ghosn à Tokyo. Renault, Nissan et Mitsubishi ont réaffirmé à cette occasion leur détermination à maintenir leur partenariat, mais sans aller jusqu'à nommer un président par intérim.

Hiroto Saikawa, qui a profité de l'éviction de Carlos Ghosn de la présidence de Nissan pour faire campagne pour un rééquilibrage de l'alliance en faveur du groupe japonais, a participé à la réunion d'Amsterdam par téléconférence.

Le message adressé à Renault n'a pas précisé si le directeur général de Nissan n'avait pas eu l'autorisation de quitter le Japon, s'il avait accepté de rester sur le sol japonais ou si la réunion du 29 entrait en conflit avec des rendez-vous avec les procureurs japonais auxquels il se rendait volontairement.

Un porte-parole de Renault a refusé de commenter ces informations, tandis qu'aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de Nissan au Japon en raison du décalage horaire.

Carlos Ghosn, accusé d'avoir sous-évalué ses revenus, devrait être inculpé pour malversations financières par le parquet de Tokyo lundi, date à laquelle doit prendre fin son incarcération, rapporte vendredi le journal Nikkei, citant des sources non identifiées.

Selon les médias japonais, Carlos Ghosn, et l'administrateur de Nissan Greg Kelly, nient les accusations portées à leur encontre.

L'ancien président de Nissan, et toujours PDG de Renault qui a mis en place une direction intérimaire, est encore en détention. Selon les Echos, le parquet l'accuse seulement d'avoir minoré ses revenus dans un document financier remis aux autorités boursières, mais pas de fraude fiscale, ni d'abus de biens sociaux.

Le journal ajoute que la procédure devrait déboucher sur un procès dans plusieurs trimestres.

Nissan, détenu à 43,4% par Renault, possède 15% de son partenaire français et 34% du troisième membre de l'alliance, Mitsubishi Motors.

Selon le journal japonais Asahi, qui cite des sources proches de l'enquête, la signature d'Hiroto Saikawa apparaît sur certains documents liés aux rémunérations qui sont actuellement examinés par les procureurs, sans qu'on en connaisse le contenu.

(Avec Linda Sieg, Gilles Guillaume pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Laurence Frost et Tim Kelly