MOSCOU, 12 janvier (Reuters) - Une sortie en douceur de l'accord sur la limitation de la production mondiale de pétrole pourrait être évoquée lors de la prochaine réunion, le 21 janvier, entre l'Opep et ses partenaires, a déclaré vendredi le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak.

Ce dernier a cependant jugé que le marché mondial n'était pas encore rééquilibré, malgré un baril de Brent revenu à quasiment 70 dollars.

"Je ne pense pas que quiconque va nous empêcher de discuter de ces questions", a dit Alexandre Novak, interrogé sur la possibilité qu'une sortie du pacte soit évoquée lors d'une réunion au niveau ministériel du comité de suivi de cet accord le 21 janvier à Oman.

Le patron de Lukoil, l'une des plus grandes compagnies pétrolières russes, a auparavant déclaré vendredi que la Russie devrait commencer à sortir de cet accord si les cours restent à 70 dollars le baril pendant plus de six mois.

Pour Alexandre Novak, un excédent d'offre persiste cependant sur le marché pétrolier mondial.

"Nous voyons que le marché devient équilibré. Nous voyons que l'excédent sur le marché se réduit mais le marché n'est pas encore complètement équilibré et, bien sûr, nous devons continuer à surveiller la situation", a-t-il dit à la presse.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et d'autres producteurs comme la Russie ont réduit depuis début 2017 leur production cumulée de 1,8 million de barils par jour. Cet accord a été prolongé jusque fin 2018.

"PAS DE PANIQUE"

Les pays du Golfe au sein de l'Opep prévoient de continuer à plafonner leur production au premier trimestre 2018 malgré la forte croissance de la demande et la contraction des stocks mondiaux, a déclaré vendredi une source haut placée au sein du cartel des exportateurs.

"Les producteurs de pétrole du Golfe veulent être sûrs que l'excédent des stocks commerciaux de pétrole accumulé ces trois dernières années sera complètement résorbé", a dit cette source.

"Le comité conjoint de suivi Opep-non-Opep dirigé par l'Arabie saoudite va continuer à surveiller le marché et faire en sorte que tous les pays respectent leurs réductions (de production)", a-t-elle ajouté.

Le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis a pour sa part déclaré vendredi que l'Opep ne devait pas surréagir à la hausse des cours.

"Nous ne regardons pas les cours tel ou tel jour en nous disant que nous sommes parvenus au point où nous devons changer des choses. Nous devons laisser du temps au marché", a dit Souhaïl al Mazroui, qui assure la présidence tournante de l'Opep.

"Je ne pense pas que les fondamentaux aient changé au point de nous amener à envisager (une modification de l'accord) ou à paniquer (...) Il n'y a aucun besoin de se précipiter et de faire des hypothèses (sur) ce que nous allons faire", a-t-il poursuivi.

Le secrétaire général de l'Opep, Mohammad Barkindo, a aussi déclaré à la presse à Abou Dhabi qu'il n'y avait "aucune panique" face au baril de Brent à 70 dollars. (Vladimir Soldatkin à Moscou, avec Rania El Gamal à Abou Dhabi; Bertrand Boucey pour le service français)