SAINT-PETERSBOURG, 6 juin (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a admis jeudi des divergences entre son pays et l'Opep sur le juste prix du pétrole, tout en assurant que les deux parties trouveraient un terrain d'entente lors de leur prochaine réunion sur le sujet.

Les propos de Poutine laissent augurer de discussions tendues entre la Russie et ses partenaires de l'Opep sur leur stratégie pour le marché pétrolier.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, Russie en tête, doivent se réunir à Vienne fin juin ou début juillet pour décider de prolonger ou non leur accord d'encadrement de la production entré en vigueur le 1er janvier pour une durée de six mois.

Celui-ci impose de réduire la production cumulée de l'alliance dite Opep+ de 1,2 million de barils par jour, soit plus de 1% de la production mondiale, afin de soutenir les cours et d'équilibrer le marché.

La coopération entre la Russie et l'Opep, qui a commencé en 2016, a contribué à faire remonter les prix du brut et à réduire les stocks mondiaux.

S'exprimant devant la presse étrangère à Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a dit que la Russie et ses partenaires devaient prendre en compte plusieurs facteurs, y compris la hausse de la demande pendant les mois d'été et la baisse des exportations de pays producteurs comme l'Iran et le Venezuela.

Il a promis toutefois de poursuivre la coopération avec l'Opep malgré les divergences entre Moscou et l'Arabie saoudite sur les prix.

"C'est naturel", a expliqué le président russe. "Regardez le prix du baril que l'Arabie saoudite utilise pour calculer le budget. C'est nettement plus élevé que pour nous", a-t-il ajouté en notant que le budget russe était fondé sur l'hypothèse d'un baril à 40 dollars.

Selon un calcul du Fonds monétaire international, l'Arabie saoudite a besoin d'un baril à 80 ou 85 dollars pour équilibrer son budget cette année.

Un prix de 60 ou 65 dollars le baril - soit le niveau actuel du Brent du mer du Nord, référence du marché mondial - convient à la Russie, a ajouté Vladimir Poutine.

Le géant pétrolier russe Rosneft, dirigé par Igor Setchine, un très proche du chef de l'Etat, a une nouvelle fois plaidé jeudi en faveur d'un arrêt des baisses de production.

"C'est un espoir", a dit Eric Liron, premier vice-président du groupe, aux journalistes à Saint-Pétersbourg.

Mardi, Igor Setchine, cité par l'agence russe Interfax, avait affirmé qu'il était stupide pour la Russie de réduire sa production si c'était pour voir les Etats-Unis lui ravir des marchés. "Nous devons défendre nos parts de marché", a-t-il dit. (Vladimir Soldatkine, Maria Kiseliova et Christian Lowe, Véronique Tison pour le service français)