New Delhi (awp/afp) - Le gouvernement indien a annoncé vendredi injecter près de 9 milliards d'euros dans des banques publiques pour atténuer le manque de liquidités que connaît la troisième plus grande économie asiatique, qui connaît son plus fort ralentissement depuis cinq ans.

"Nous injectons 70.000 crores (8,77 milliards d'euros) dans des banques du secteur public", a déclaré la ministre des Finances, Nirmala Sitharaman, lors d'une conférence de presse à New Delhi. "Cela bénéficiera à tous les emprunteurs privés et aux entreprises".

Elle a également annoncé l'annulation de la mise en place d'une taxe sur les ventes d'actions, introduite dans le budget présenté en juillet. Celle-ci avait inquiété les investisseurs étrangers et avait eu pour effet de faire brusquement baisser la valeur des actions indiennes.

Nirmala Sitharaman a aussi dévoilé une série d'autres mesures pour relancer l'économie, notamment un accord pour que les emprunteurs puissent bénéficier auprès de leurs créanciers de taux d'intérêt réduits, la Banque centrale indienne ayant elle-même abaissé quatre fois son principal taux directeur depuis le début de l'année.

"Les gens disaient qu'ils ne percevaient pas, ou marginalement, les effets bénéfiques des réductions des taux. C'était une plainte partagée à tous les niveaux", a souligné la ministre.

Au début du mois d'août, la Banque centrale indienne avait une nouvelle fois baissé son principal taux directeur, de 35 points de base, à 5,4%, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis 9 ans.

Ce taux de refinancement, celui auquel elle prête aux banques commerciales, était encore à 6,5% au début de l'année. Cette politique de baisse des taux de la Banque centrale indienne vise à relancer la croissance en rendant plus accessibles les crédits aux entreprises et aux consommateurs.

La croissance de l'économie indienne a ralenti ces trois derniers trimestres, faisant perdre au pays son statut d'économie majeure la plus dynamique au profit de la Chine, tandis que son taux de chômage est au plus haut depuis les années 1970.

Le secteur automobile est particulièrement affecté. Les ventes de voitures ont plongé de 31% en juillet, un neuvième mois consécutif de baisse, amenant les constructeurs à interrompre la production sur certains sites.

Nirmala Sitharaman a annoncé que l'interdiction faite aux ministères d'acheter des voitures neuves serait levée, afin de contribuer à relancer les ventes du secteur.

Le PIB du pays de 1,3 milliard d'habitants a déçu avec une décélération progressive au cours des trois derniers trimestres de l'exercice budgétaire 2018-2019 (1er avril-31 mars), atteignant un taux de 6,8% pour l'ensemble de l'année, un plus bas depuis cinq ans.

Les analystes de Nomura prévoient un nouveau ralentissement de la croissance, à 5,7% pour les trois premiers trimestres de 2019. Les chiffres officiels sont attendus vendredi prochain.

afp/al