Athènes (awp/afp) - La police grecque a émis jeudi un mandat de "comparution forcée" visant deux témoins protégés dans l'enquête sur des pots-de-vin présumés versés par le géant suisse pharmaceutique Novartis à des hommes politiques et médecins en Grèce.

Ces deux témoins qui avaient déposé devant la police fédérale américaine mais refusaient de le faire en Grèce, devront comparaître devant une commission parlementaire grecque en vertu de ce mandat.

Les dépositions de ces deux "témoins protégés" devant le FBI, qui avait initialement ouvert l'instruction sur cette affaire il y a trois ans, ont servi de base au volet grec de l'enquête.

Ces deux témoins réclament "le respect de la législation sur les témoins protégés" qui prévoit la non révélation de leur identité.

La majorité gouvernementale de droite réclame de son côté la levée de la protection de ces deux témoins et la révélation de leur identité contre l'avis de l'opposition de gauche qui soutient que cela "violerait" la législation.

L'affaire Novartis a empoisonné la vie politique grecque ces dernières années.

C'est l'ancien gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras qui avait révélé l'affaire, impliquant alors une dizaine d'hommes politiques de droite et socialistes.

La justice n'a trouvé jusqu'ici aucun élément incriminant pour les sept des dix personnalités politiques initialement soupçonnées de corruption.

Seul un ancien ministre socialiste de la Santé doit être poursuivi pour corruption tandis que la justice enquête toujours sur l'implication de deux autres hommes politiques dont l'actuel ministre du Développement Adonis Georgiadis.

Le gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis, élu en juillet dernier, a obtenu la constitution d'une commission parlementaire pour enquêter sur l'"intervention" dans l'affaire Novartis de l'ancien ministre adjoint de la Justice, Dimitris Papaguélopoulos, du gouvernement de Tsipras.

Ce ministre est accusé d'avoir exercé des pressions sur la justice pour impliquer des hommes politiques de droite et socialistes dans l'affaire.

Novartis est soupçonné d'avoir versé entre 2006 et 2015, soit avant l'explosion de la crise de la dette grecque mais aussi lors de son pic, des pots-de-vin à des responsables politiques et à des médecins.

Son objectif était d'acquérir une position dominante sur le marché grec et écouler des médicaments à prix élevés alors même que des alternatives meilleur marché étaient disponibles.

De nombreux cadres de sociétés et des médecins seraient aussi impliqués dans cette affaire. Les pertes pour les caisses publiques grecques sont évaluées à quelque 3 milliards d'euros, selon l'enquête.

afp/ol