Bâle (awp) - Joseph Jimenez, directeur général (CEO) de Novartis, va quitter ses fonctions fin janvier 2018. Pour le remplacer au 1er février, le conseil d'administration du géant bâlois a désigné Vasant Narasimhan, directeur mondial du développement des médicaments et médecin-chef. Lundi en téléconférence, les dirigeants du groupe ont insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de changement stratégique en vue. Le futur CEO a affirmé son attachement à la Suisse et au siège bâlois de la multinationale.

CEO depuis 2010 après le départ de Daniel Vasella, Joseph "Joe" Jimenez a rejoint Novartis en 2007. "D'un point de vue personnel, après dix merveilleuses années en Suisse, ma famille est prête à revenir aux États-Unis et dans la Silicon Valley", a-t-il indiqué, soulignant sa confiance dans celui qu'il considère un "excellent successeur".

Après avoir occupé plusieurs postes dans l'industrie de grande consommation, le Californien avait repris en avril 2007 la tête de la division Consumer Health, comprenant les médicaments sans ordonnance, l'ophtalmologie et les produits pour animaux. En octobre de la même année, il prend les rênes de la division pharmaceutique, la plus importante du groupe.

Au cours de son mandat, Joe Jimenez a recentré l'entreprise sur la pharma, les génériques et l'oncologie, alors que son prédécesseur s'était attelé à couvrir tous les secteurs du marché. Sous sa houlette, plusieurs secteurs d'activité ont été cédé aux concurrents GlaxoSmithKline et Eli Lilly.

MÉDECIN RENOMMÉ ET POLYVALENT

Vasant "Vas" Narasimhan est entré dans le groupe en 2005, où il a exercé différentes fonctions commerciales, stratégiques et de développement de médicaments. Médecin de formation, il siège actuellement au comité de direction.

Titulaire d'un diplôme de médecine et d'une maîtrise en politique publique à Harvard, le futur CEO possède également une licence de biologie de l'Université de Chicago. Citoyen américain, le récent quadragénaire (41 ans) est en outre membre élu de la National Academy of Medicine aux États-Unis.

Revenant sur les faits d'armes de M. Jimenez, Jörg Reinhardt, président du conseil d'administration de Novartis, a rappelé son rôle dans le recentrage des activités du groupe, la relance du pipeline d'innovation et la bonne gestion de l'expiration des brevets des deux principaux produits (Diovan et Glivec).

Le futur ex-CEO restera encore actif au sein du groupe pharmaceutique jusqu'à fin août en qualité de conseiller. "Nous prévoyons une transition en douceur, car Joe a créé une solide équipe de direction et a encadré son successeur", a indiqué le président de Novartis.

M. Reinhardt a insisté sur le fait que le changement à la tête du groupe n'impliquait pas nécessairement un changement de stratégie. "Pour le moment, aucun changement de stratégie n'est à l'ordre du jour", a-t-il martelé face à ceux qui veulent voir dans la nomination du nouveau CEO le début d'une nouvelle dynamique, notamment dans la stratégie d'acquisitions de Novartis.

NOUVELLE PHASE DÈS 2018

De son côté, le CEO toujours en poste s'est inscrit en faux contre les rumeurs selon lesquelles une des causes de son départ la mauvaise passe que traverse l'unité ophtalmologique Alcon. "Je suis à ce poste depuis bientôt huit ans, un CEO ne devrait pas rester plus longtemps", a-t-il lancé, soulignant que Novartis entrera dans une nouvelle phase de croissance dès 2018.

Interrogé sur ses futures responsabilités, M. Narasimhan a évoqué la concrétisation des succès en recherche et développement (R&D) comme un des défis majeurs qu'il aura à relever, et l'innovation comme un des principaux atouts du groupe dont il va reprendre les rênes.

Novartis devrait rester implantée en Suisse et son siège à Bâle. "Tant que nous trouverons ici un contexte concurrentiel, rien ne changera à notre engagement", a indiqué le futur CEO.

Dans leurs commentaires, les analystes saluent un changement qui vient à point nommé. La nomination d'une personnalité versée dans le secteur pharmaceutique s'inscrit dans une certaine logique de recentrage, relève par exemple la banque Vontobel.

Le futur CEO jouit d'une haute considération du fait de son expertise dans la recherche clinique et la médecine et il s'est fait progressivement remarquer par les investisseurs ces derniers trimestres, renchérit Morgan Stanley.

UBS se montre plus sceptique, évoquant un monde où "la logique budgétaire peut souvent l'emporter sur les aspects cliniques" et où les succès de R&D ne se traduisent plus automatiquement en réussites commerciales.

A la Bourse suisse, l'annonce n'a pas suscité de grande réaction de la part des investisseurs. A 12h30, la nominative Novartis se délestait de 1,0% à 80,05 CHF, dans des volumes relativement faibles et alors que SMI reculait de 0,74%.

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