Londres (awp/afp) - L'or a connu une année mouvementée à cause de l'instabilité politique et les spéculations autour des taux américains, mais a fini l'année en légère hausse et tiré les autres métaux précieux dans son sillage.

Sur l'année, l'or a gagné plus de 9%, mais a reculé de près de 16% depuis ses plus hauts atteints en juillet, au moment où les investisseurs craignaient les conséquences du vote du Brexit au Royaume-Uni et se méfiaient du résultat des élections présidentielles américaines.

"Après avoir grimpé en première partie d'année, le prix de l'or s'est effondré après l'élection inattendue de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, la perspective d'un stimulus fiscal dopant les attentes d'une hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine" (Fed), ont résumé les analystes de Capital Economics.

Les mesures promises par Donald Trump lors de sa campagne sont en effet perçues comme ayant le potentiel pour relancer l'inflation des Etats-Unis, ce qui pourrait pousser la Fed à accélérer le rythme de ses hausses de taux.

Dans ce contexte, le dollar s'apprécie, et l'intérêt pour l'or, considéré comme une valeur sûre quand le billet vert est instable, recule. La hausse du dollar rend en outre l'achat d'or, libellé dans cette monnaie, plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises.

"Les gains du métal jaune pourraient être limités dans la nouvelle année, tant que les taux augmentent et que le dollar grimpe", a confirmé Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.

Les investisseurs les plus pessimistes pourraient cependant bien trouver des raisons de se ruer sur la valeur-refuge.

"La demande pourrait remonter à moyen terme, car l'or est également protégé de l'inflation et des risques géopolitiques", ont nuancé les analystes de Capital Economics, qui soulignent notamment les tensions qui croissent déjà entre le futur président des Etats-Unis et la Chine, ainsi que la montée des mouvements populistes dans le reste du monde.

- Le palladium dopé par l'automobile -

L'once d'argent a gagné pour sa part 16,55% sur l'année, après avoir atteint jusqu'à 52,15% de hausse en séance cet été.

"La demande fondamentale pour l'argent, notamment pour la bijouterie mais également pour l'industrie des panneaux solaires, pourrait soutenir les prix. La demande physique reste forte, et les perspectives de l'offre sont faibles", ont noté les analystes de Sucden, qui estiment cependant que les premiers mois de l'année pourraient voir les prix du métal gris reculer un peu plus.

Le platine a clôturé quasiment à l'équilibre cette année, en hausse de moins de 2%, après avoir atteint jusqu'à 33% de hausse en août.

Le métal a également souffert de la valorisation du dollar, et est devenu moins attractif pour l'industrie de la bijouterie avec la baisse de l'or.

Le palladium a pour sa part gagné plus de 20% sur l'année, moins éloigné que les autres métaux rares de son record de 38% atteint début décembre.

Selon les analystes de Société Générale, le métal profite de la bonne santé de l'industrie automobile, qui fait usage de ce métal. "Les ventes de véhicule en Chine ont augmenté de 16% en novembre 2016 par rapport au même mois l'année précédente", ont-ils détaillé dans une note.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.159 dollars vendredi au fixing du soir, après avoir atteint début juillet, au lendemain du vote en faveur du Brexit, 1.375,45 dollars l'once, son plus haut niveau depuis mars 2014.

L'once d'argent a clôturé à 16,24 dollars, après avoir atteint début juillet 21,14 dollars l'once, son plus haut depuis juillet 2014.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 907 dollars, après avoir atteint 1.194,40 dollars l'once en août, à son plus haut niveau depuis début 2015.

L'once de palladium a terminé pour sa part à 670 dollars, après avoir atteint 775,14 dollars début décembre, à son plus haut niveau depuis juin 2015.

afp/rp